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Histoires Web mercredi, février 5
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Livre. Très jeune résistant, videur de boîte de nuit, détective privé ou cadre du groupe Ricard : Charles Pasqua (1927-2015) a déjà eu plusieurs vies avant de commencer, dans les années 1970, son ascension politique et de devenir une figure majeure de la droite. De lui, on retient souvent le ministre de l’intérieur RPR, serviteur loyal de Jacques Chirac devenu balladurien par déception, mais aussi la gouaille méridionale, la réputation sulfureuse, la participation à la police parallèle du gaullisme (le Service d’action civique), ses relations dans le monde du banditisme et une série d’affaires à l’hiver de sa vie (l’Angolagate, l’affaire du casino d’Annemasse ou l’affaire « pétrole contre nourriture » en Irak).

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Dans cette biographie, Pierre Manenti livre un portrait ultra-détaillé et empathique de « ce diable de Pasqua », comme l’appelait François Mitterrand avec un mélange de crainte et d’admiration. Sous la plume de ce normalien, auteur de plusieurs livres sur l’histoire du gaullisme, Pasqua devient « Charles ».

L’auteur admet une fascination pour cet enfant du peuple, simple militant devenu, par son sens de l’organisation et son intelligence – longtemps sous-estimée –, une figure majeure de la vie politique française. « Ce n’est ni un procès ni une réhabilitation, mais le récit “brut” d’une vie au service de la France », affirme l’auteur, qui a eu accès à la correspondance privée de l’ancien sénateur. S’il n’esquive pas les affaires, il développe l’idée d’un Pasqua qui joua, pendant toute sa carrière et jusqu’à sa mort, sur sa réputation sulfureuse.

De l’ombre à la lumière

Au fil des pages, l’histoire de la droite défile : les victoires, les trahisons et les règlements de comptes se succèdent, toujours avec « Charles » au milieu. « Tu ne seras jamais président parce que tu n’as de couilles au cul », lance-t-il à Chirac après sa défaite à la présidentielle de 1988. Pierre Manenti raconte avec subtilité le passage de l’ombre à la lumière de ce petit-fils de berger corse devenu président du département des Hauts-de-Seine, le plus riche de France. Avec les années, le porte-flingue s’émancipe, moins par ambition que pour défendre une droite gaulliste et souverainiste. Au nom de cette droite populaire, Pasqua dépose une proposition de loi pour rétablir de la peine de mort en 1988, mais imagine aussi, cinq ans plus tôt, l’idée novatrice d’un référendum d’initiative populaire.

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