S’il existait un indice de « pureté » du féminicide, celui commis par Mounir Boutaa sur son ex-conjointe Chahinez Daoud, le 4 mai 2021 à Mérignac (Gironde), serait très élevé. Le procès de cet ouvrier en bâtiment pour assassinat s’ouvre à Bordeaux, lundi 24 mars, devant la cour d’assises de la Gironde. L’arrêt de la chambre d’instruction confirmant l’ordonnance de mise en accusation dessine « le portrait archétypal poussé à son paroxysme d’un auteur de féminicide », selon Me Julien Plouton l’avocat des parents de Chahinez. On y retrouve en effet le cocktail mortifère d’une profonde domination masculine, de violences répétées commises sur les femmes, d’une surdité policière et judiciaire à des signaux d’alerte pourtant documentés depuis longtemps par la recherche sur la violence ; de l’intention de séparation définitive manifestée par la victime et de cette sanction en réponse qui doit tomber : le meurtre, ici en plus prémédité, comme acte d’appropriation ultime.
Où l’engrenage du féminicide prend-il sa source ? Né en 1976 dans une cité balnéaire de la banlieue d’Alger, Mounir Boutaa dépeint une enfance heureuse, l’école interrompue à 15 ans, puis son arrivée à 23 ans en France. L’année suivante, il se marie une première fois avec Séverine, qui lui donne trois enfants. Elle dénonce de nombreuses violences : menaces, insultes raciales, rapport sexuel forcé ayant entraîné une grossesse, gifles, bras tordus, coups de pied – cette première vie conjugale d’une grosse décennie coche déjà toutes les cases du contrôle coercitif.
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