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Histoires Web vendredi, septembre 26
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Livre. Depuis sa création, en 1944, Le Monde n’a utilisé le mot « hexane » que dans une demi-douzaine d’articles, et jamais en lien avec l’alimentation. S’il n’y a stricto sensu aucun « secret » dans la manière dont l’industrie agroalimentaire utilise, depuis plus d’un demi-siècle, ce solvant dérivé du pétrole, force est de constater que la discrétion a jusqu’à présent été de mise.

Dans son dernier livre enquête, Guillaume Coudray lance l’alerte sur une pratique généralisée et méconnue : l’extraction des huiles végétales grâce à un hydrocarbure toxique, dont on retrouve des traces dans les huiles extraites grâce à lui, mais aussi dans les tourteaux qui constituent l’essentiel de l’alimentation animale et, en conséquence, dans une variété de produits de consommation courante (laitages, viande, etc.).

Loin de n’être qu’une énième alerte sur l’empoisonnement à bas bruit de l’alimentation moderne, De l’essence dans nos assiettes (La Découverte) est une passionnante enquête qui emprunte au journalisme d’investigation, à l’histoire des techniques, à la toxicologie et à l’étude des méandres de la décision réglementaire.

L’histoire est édifiante. Elle narre la recherche, lancée au XIXe siècle, du solvant idéal, capable d’extraire la totalité de l’huile contenue dans les graines de colza, de soja ou de tournesol, et de gagner ainsi quelques points de rendement sur l’extraction mécanique. Et cela, tout en produisant une huile propre à la consommation.

Aveuglements volontaires

Guillaume Coudray détaille le chemin tortueux qui mènera l’industrie à considérer l’hexane comme le meilleur candidat. Et il montre comment les grandes sociétés agroalimentaires vont adopter ce solvant, par une série d’aveuglements volontaires, ou d’euphémisation des résultats préoccupants. Les effets neurotoxiques de l’hexane sont connus, bien documentés sur les travailleurs au contact de cette substance. Mais quid des effets potentiels d’une exposition chronique à de faibles doses, par voie alimentaire ?

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