Avant chaque audition, le président de la commission d’enquête sénatoriale sur les eaux en bouteille, Laurent Burgoa (Les Républicains, Gard), rappelle solennellement que tout faux témoignage ou refus de répondre à une question est passible de poursuites pénales assorties d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Mercredi 19 mars, c’était au tour de Muriel Lienau, la présidente directrice générale de Nestlé Waters, au cœur d’un scandale de fraude lié à l’utilisation de filtres interdits sur ses eaux minérales naturelles (Perrier, Vittel, Hépar…) de prêter serment : « Je le jure. »
Devant ses refus répétés de répondre aux questions de ses collègues et aux siennes, le sénateur du Gard, où est implantée l’usine Perrier du géant de l’agroalimentaire, a redoublé de pédagogie. « Vous témoignez sous serment, tout parjure, même par omission, est poursuivi par la loi », a-t-il rappelé, jusqu’à cette « dernière chance » offerte en toute fin d’audition, une « proposition honnête par ce que le Sénat est une maison honnête ».
Laurent Burgoa suggère à Muriel Lienau de lui transmettre par mails, avec la garantie qu’ils restent anonymes, l’identité des responsables du groupe qui l’ont mise au courant de l’utilisation des filtres proscrits, en 2020, lors de sa prise de fonction. La PDG de Nestlé Waters se tourne une dernière fois vers l’avocat qui l’accompagne : « Je maintiens ma position », déclare-t-elle. « On ira voir le président [LR] du Sénat [Gérard Larcher] pour en tirer les conséquences », lui indique le président de la commission d’enquête avant de lever la séance.
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