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Au bout du téléphone, les vagues du golfe de Gascogne fouettent rudement la coque de DeVenir, le monocoque de 18 mètres (Imoca) de Violette Dorange, et l’on perçoit les craquements et les grincements de cette robuste monture de carbone comme si on était à bord. Lundi 11 novembre, après quelque trente-six heures de course, la voix enjouée de la navigatrice de 23 ans, benjamine des quarante concurrents de la dixième édition du Vendée Globe, ne trompe pas.

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L’émotion du départ absorbée, elle est clairement passée en « mode course » et se régale. « J’ai pleuré en entendant les encouragements pendant la remontée du chenal, mais c’étaient des larmes de joie, et je me suis immédiatement remise dans ma bulle », relate-t-elle. « Je fais de la préparation mentale depuis des années, alors j’avais anticipé, poursuit la jeune navigatrice. Pour ne pas craquer le jour J, j’avais travaillé cette phase en amont en la visualisant. »

Grâce aux conditions météo, anormalement légères pour la saison et défavorables aux foilers – équipés d’appendices latéraux qui leur permettent de s’élever au-dessus de l’eau –, elle et son coursier à dérives droites, l’un des plus anciens de la flotte (mis à l’eau en 2007), se sont même offert l’éphémère luxe d’une deuxième place au classement provisoire au soir de la première journée de navigation.

« La route est encore longue »

Si Violette Dorange estime avoir été ensuite « un peu conservatrice » dans ses choix de voiles en restant « sous-toilée » pour éviter toute casse matérielle, rien jusqu’ici qui n’entame sa belle humeur.

« Ça m’a fait reculer en milieu de flotte et les premiers bateaux à dérives m’ont mis 20 milles dans la vue, mais la route est encore longue, je n’ai pas navigué en solo depuis la transat New York-Vendée [en mai], et en configuration tour du monde on a beaucoup plus de poids à bord alors je prends le temps d’ajuster le curseur », explique, en pleine veillée d’armes, celle qui pointait en 26e position, lundi, au classement de 19 heures.

Dans la nuit de lundi 11 à mardi 12 novembre, comme le gros de la flotte, Violette Dorange doit négocier l’épineux passage du cap Finisterre, avant de tourner à gauche pour entrer de plain-pied dans l’Atlantique. Et les abords de l’aride promontoire de la côte de Galice s’annoncent fidèles à leur réputation.

« Le vent commence à bien forcir et je reste concentrée et vigilante parce qu’on attaque une phase délicate », décrit la jeune skippeuse, alors que les fichiers météo annoncent 30 nœuds de vent (entre 50 et 60 kilomètres/heure), 40 nœuds dans les rafales, et une houle d’un à deux mètres. « C’est un endroit dangereux et casse-bateaux, où l’on se fait souvent surprendre par le vent qui rentre d’un coup, il y a une vraie accélération avec les montagnes, et il faut aussi se méfier des cargos dans le DST [dispositif de séparation de trafic] », conclut-elle.

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