Où est passée la Russie ? Mercredi 2 avril, sur l’immense tableau brandi par Donald Trump et sur lequel sont répertoriés les pays frappés par les droits de douane américains, une absence a été particulièrement remarquée : celle du régime de Vladimir Poutine. Alors que des îles les plus reculées de l’Antarctique aux pays les plus pauvres, tout le monde a été frappé par la foudre douanière du président des Etats-Unis, la Russie est curieusement épargnée.
La porte-parole de la Maison-Blanche a fait péniblement valoir que Moscou était déjà sous le coup de sanctions qui « empêchent tout commerce significatif » entre les deux nations. L’argument est spécieux, car le montant des exportations russes vers les Etats-Unis s’élève, malgré la guerre, à 3,5 milliards de dollars (3,2 milliards d’euros), soit plus que 130 autres pays dans le monde, qui, eux, devront payer des droits de douane. L’Ukraine, pourtant agressée par la Russie, devra ainsi s’acquitter d’une taxe de 10 %.
Cette faveur accordée à la Russie par Donald Trump amène à se poser la question du sort des sanctions occidentales à son encontre. Alors que Washington fait pression pour aboutir le plus vite possible à l’arrêt des combats, Steve Witkoff, l’envoyé spécial américain au cœur des négociations de cessez-le-feu, déclarait en mars que l’allégement des sanctions interviendrait dès que les pourparlers auront abouti, sans attendre un accord de paix, ni un éventuel feu vert européen.
Si l’Europe n’est pas conviée à la table des négociations, son rôle peut néanmoins se révéler primordial car c’est elle qui détient en grande partie la clé du mécanisme de sanctions. Les Etats-Unis peuvent lever un certain nombre de contraintes, mais ils ne disposent finalement de peu de leviers sur l’économie russe. Dans ce domaine, la géographie est déterminante : la Russie est beaucoup plus dépendante de l’UE qu’elle ne l’est des Etats-Unis.
Quand bien même Washington déciderait de rétablir ses échanges commerciaux avec Moscou, les effets resteraient limités. Avant l’invasion de l’Ukraine, ils atteignaient à peine 35 milliards de dollars, soit dix fois moins qu’avec l’Europe, premier partenaire commercial de la Russie.
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