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Peut-on répondre aux besoins d’accompagnement des élèves en difficulté en faisant appel massivement à des bénévoles ? C’est ce qu’avance Pierre Liret dans une tribune publiée par Le Monde le 14 août : il propose que les 700 000 jeunes qui ont décroché du système scolaire, sans avoir achevé des études secondaires, puissent bénéficier de l’accompagnement de plus d’un million de professionnels de l’éducation et de la formation qui pourraient « consacrer une partie de leur temps bénévole ». A cela, il y ajoute une réserve potentielle d’un million et demi de retraités qui se rendraient disponibles.

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Voilà l’équation qui permettrait à moindre coût de soulager notre système éducatif du poids de l’échec scolaire. Sous l’apparence des solutions de bon sens, cette proposition s’inscrit dans les grandes tendances des politiques scolaires de ces dernières décennies, et, par là même, en révèle les contradictions.

Tout d’abord l’appel au bénévolat se justifierait par des raisons économiques dans un contexte de tension des finances publiques. Cette proposition s’accorde aux politiques restrictives menées ces dernières décennies. Mais nous en connaissons le prix, notamment en matière de dégradation des rémunérations et des conditions de travail des enseignants, avec pour conséquence une crise sans précédent des recrutements. Et ce sont les milieux les plus défavorisés qui en ont été les premières victimes.

Par ailleurs, des dispositifs consacrés aux jeunes en difficulté, il en existe. Quarante années de politique éducative ciblée sur les élèves en échec ou les jeunes décrocheurs ont vu apparaître et se développer de nombreuses actions, des programmes de réussite éducative des municipalités dans le cadre de la scolarité obligatoire jusqu’aux multiples actions de remédiation, de remotivation ou de préqualification pour les sortants précoces de plus de 16 ans, en passant par l’important réseau d’associations qui mobilisent un nombre conséquent de bénévoles. Le bénévolat fait d’ailleurs l’objet d’un soutien de l’Etat avec le programme « un jeune, un mentor » lancé en 2021.

Des besoins très divers

Quels que soient les intervenants de cette nébuleuse, professionnels ou bénévoles, les pratiques s’appuient sur les notions aussi disparates d’accompagnement, d’aide et de soutien, en réponse à des besoins très divers : déficits d’acquisitions scolaires certes, mais aussi besoins d’accompagnement social, psychologique, voire psychiatrique. On voit mal comment ces aspects pourraient être couverts par la seule mobilisation des « bonnes volontés ».

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