« Quand j’ai commencé ma carrière, j’avais eu un cas qui m’avait beaucoup marqué, raconte difficilement Jessica (les personnes citées par leur prénom ont requis l’anonymat), de la brigade territoriale mobile de Paris-Saclay (BTMPS). Un jeune couple n’arrêtait pas de se disputer, de se quitter, de se remettre ensemble… et puis la fille avait fini par tenter de se suicider. » Réunis dans une petite salle de la Maison de la prévention et de la protection des familles (MPPF), à Saint-Pierre-du-Perrray (Essonne), à la mi-décembre 2024, une dizaine de gendarmes de tous âges discutent d’affaires de violences conjugales qu’ils ont traitées, de près ou de loin. Tous affirment que le nombre de gardes à vue pour violences intrafamiliales (VIF) a explosé ces dernières années. La moitié n’a pourtant jamais entendu parler de « suicides forcés », quand le harcèlement par un (ex-)conjoint conduit la victime à se suicider ou à tenter de le faire.
Cette nouvelle infraction, née du Grenelle des violences conjugales de 2019, est inscrite dans la loi du 30 juillet 2020. Pour autant, elle reste largement méconnue. « Même nous, en tant que brigade spécialisée sur les VIF, on ne la connaissait pas avant de rencontrer Yael Mellul [en 2023] », reconnaît Audrey Mathieu, de la MPPF91.
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