Meilleures Actions
Histoires Web mardi, février 11
Bulletin

LCP-ASSEMBLÉE NATIONALE – LUNDI 10 FÉVRIER À 20 H 30 – DOCUMENTAIRE

Azat Miftakhov, 31 ans, doctorant en mathématiques à l’université de Moscou, n’a connu que quelques minutes de liberté, en septembre 2023, entre sa sortie de prison et le tribunal qui l’a, à nouveau, condamné. Le sort de ce dissident a suscité le soutien de la communauté internationale et en particulier de collègues mathématiciens.

Lire le récit (en 2023) : Article réservé à nos abonnés En Russie, le mathématicien Azat Miftakhov libéré puis aussitôt cible de nouvelles accusations

Son cas résonne avec celui de Leonid Pliouchtch (1939-2015) en 1972, objet du documentaire Ces mathématiciens qui firent plier le Kremlin. Cet Ukrainien qui contestait les dérives du régime soviétique, eut lui aussi le soutien international de la communauté mathématique, à l’initiative de Michel Broué, témoin principal du film de Mathieu Schwartz, et qui se dépense aussi aujourd’hui pour la libération d’Azat Miftakhov.

L’engagement des mathématiciens pour la défense de la liberté d’expression n’est pas nouveau. Dans les années 1950, l’Amérique anticommuniste refuse la venue au congrès international de mathématiques du Français Laurent Schwartz (1915-2002), premier Français à obtenir la médaille Fields (1950), qui finira par avoir son visa suite à de nombreuses protestations.

En 1966, Alexandre Grothendieck (1928-2014), apatride ayant fait sa carrière en France, refuse de venir à Moscou recevoir sa médaille Fields, la récompense suprême de cette discipline. En 2022, les mathématiciens annulent leur congrès international qui devait se tenir à Moscou pour manifester leur désapprobation face à l’invasion de l’Ukraine.

Engagement politique

Par goût de la vérité, cette communauté est sans doute encline à lutter contre les injustices et les fake news. Même si le médaillé Fields (en 2010) Cédric Villani relativise cette belle idée : « Face à une dictature, on trouve chez les mathématiciens toutes les attitudes, depuis le résistant le plus courageux, jusqu’au collabo le plus honteux. »

Le titre du documentaire ne laisse aucun doute sur l’issue positive de cette histoire. En 1976, le Kremlin finira par plier. Leonid Pliouchtch a bien été libéré, après quatre ans de détention, dont trois passés en hôpital psychiatrique, où il subit des traitements médicaux injustifiés. Naturalisé français, il décédera en 2015.

Michel Broué, membre du comité des mathématiciens, image extraite du documentaire « Ces mathématiciens qui firent plier le Kremlin », de Mathieu Schwartz.

Ce succès doit beaucoup à l’engagement de Michel Broué, membre de l’Organisation communiste internationaliste, parti trotskiste, dont les troupes seront très mobilisées, mais aussi à ses aînés, Henri Cartan (1904-2008), figure de la reconstruction du système académique en France après la guerre, et Laurent Schwartz, grand-oncle du réalisateur et connu pour ses nombreux engagements, contre les guerres en Algérie et du Vietnam.

Le mathématicien s’était notamment impliqué pour faire reconnaître le meurtre et la torture par l’armée française en Algérie de son confrère Maurice Audin (1932-1957). Un épisode évoqué par le documentaire, qui alterne images d’archives et entretiens contemporains pour mélanger émotion et engagement politique.

Le Monde Ateliers

Cours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétences

Découvrir

La réussite du film est aussi de rappeler que le cas individuel de Pliouchtch n’a pas fait plier que le Kremlin à l’époque. Pour préserver le suspense, disons que cette « petite » histoire en a nourri une plus grande.

Ces mathématiciens qui firent plier le Kremlin, documentaire de Mathieu Schwartz (Fr., 2024, 60 min). Diffusé sur LCP-Assemblée nationale (rediffusé dimanche 16 février sur LCP 100 %) et disponible en replay sur le site de LCP.

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.