« Là, tu vois, je suis pieds nus, en train de marcher dans l’herbe, avec une vue sur le potager en fleurs », savoure Paul Saada, 24 ans, diplômé de l’INSA Lyon. Le jeune ingénieur rit encore de sa trajectoire improbable : lui qui a grandi dans le moule des « très bons élèves », puis étudié dans une grande école, vit désormais en collectivité, dans un château à Forges (Seine-et-Marne). Rebaptisé Campus de la transition, le lieu se veut « radical, mais pas en marge de la société », nuance-t-il. Sur place, ils sont une quinzaine : chercheurs, ingénieurs en rupture, enseignants, mais aussi cuisiniers, jardiniers, artisans, bénévoles… Tous participent de près ou de loin au même projet : transformer l’enseignement supérieur pour y intégrer les enjeux de la transition écologique.
Avant d’arriver ici, Paul a connu un long cheminement intérieur, entamé dès sa première année d’école d’ingénieurs. « Après avoir pris conscience des enjeux climatiques, j’ai remarqué qu’il n’y avait aucun cours sur l’écologie ou la biodiversité dans le cursus et ça m’a profondément choqué », confie-t-il. Pour tenter de faire bouger les lignes, il s’engage alors dans plusieurs collectifs étudiants. Ensemble, ils obtiennent une petite victoire : « On a réussi à faire voter des crédits ECTS [système européen de transfert et d’accumulation de crédits] pour que les enjeux écologiques soient intégrés à la formation. On est passés de zéro à 18 ECTS obligatoires sur ce sujet au cours de la scolarité », raconte-t-il.
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