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Lorsque les ressources nutritives sont rares, la persistance d’un organisme au sein d’un écosystème repose en général sur son aptitude à coopérer, ou à combattre. Chez les micro-organismes, les espèces qui colonisent un même environnement se partagent souvent les tâches : les déchets métaboliques de l’une peuvent servir de ressources nutritives à l’autre, et inversement. Cependant, dans bien des cas, des bactéries se retrouvent en compétition pour la même ressource nutritive, ou pour la colonisation de la même surface.

Contre leurs compétitrices, certaines bactéries font usage d’une arme de contact : une sorte de seringue moléculaire télescopique, le « système de sécrétion de type VI » (SST6), au moyen duquel elles injectent à leurs voisines une toxine létale. Les assaillantes sont elles-mêmes immunisées contre la toxine ; elles ne ciblent ainsi pas leurs semblables dans l’écosystème, mais uniquement les bactéries d’autres espèces ou variétés qui passent à leur portée.

Des travaux de recherche menés à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, en Suisse, dont les résultats ont été publiés le 12 juin dans la revue Science, révèlent que cette arme offre un avantage supplémentaire aux bactéries qui en sont équipées : les compétitrices ne sont pas simplement éliminées, mais peuvent servir de repas à leur assassin.

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Astrid Stubbusch et ses collègues ont en effet observé que la bactérie marine Vibrio anguillarum, qui possède un SST6, se développe très bien dans un milieu ne contenant que de l’alginate (un polymère naturel produit par les algues brunes) à la condition qu’elle soit cultivée avec une autre espèce capable de les dégrader et d’assimiler leurs résidus, Vibrio cyclitrophicus. Seule, elle est incapable de se nourrir de ce polymère. De même, Vibrio cholerae, la bactérie responsable du choléra, peut se multiplier dans un milieu contenant du mélibiose comme seule source de carbone si ce sucre est au préalable assimilé par le colibacille Escherichia coli. En revanche, si l’on prive V. cholerae de son SST6, sa croissance s’arrête : son arme de poing lui est donc nécessaire pour dépouiller E. coli.

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