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Et soudain, après près de quatre heures de cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024, le silence s’installe sur la chaîne américaine NBC, vendredi 26 juillet, interrompu par des sanglots étouffés. Céline Dion vient de finir L’Hymne à l’amour d’Edith Piaf, perchée sur la tour Eiffel, et la chanteuse Kelly Clarkson – qui commente le spectacle pour le diffuseur historique des JO aux Etats-Unis – en a perdu sa voix, submergée par l’émotion.

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Pour les commentateurs de la télévision américaine, la cérémonie a été « extraordinaire », et c’est un sentiment globalement partagé dans les médias internationaux. Le Los Angeles Times, qui scrutait tout particulièrement l’événement, alors que la ville doit accueillir les Jeux de 2028, ne peut que constater que la France a placé la barre très haut. Au plus haut, même : « Paris 2024 a commencé et les Français – ceux qui produisent le fromage le plus délicieux du monde, la haute couture la plus raffinée et d’innombrables autres créations exquises – ont organisé ce qui a certainement été la cérémonie d’ouverture la plus unique de l’histoire des Jeux olympiques. »

Les chroniqueuses du quotidien californien chargées de suivre la cérémonie en direct s’esbaudissent d’une performance « very French » (« très française ») : « Un défilé de mode au milieu d’une cérémonie d’ouverture ! Avec la tour Eiffel pas encore éclairée dans le fond. Un peu “campy”, super-chic et très français », « je ne peux pas en être sûre, mais je pense que c’est le premier ménage-à-trois à apparaître dans une cérémonie d’ouverture. Très français. » Rare petit coup de griffe pour le climat peu clément : « Cet événement a un budget de 150 millions de dollars, ce qui fait beaucoup d’argent, mais apparemment pas assez pour éviter la condensation sur l’objectif des caméras. »

« Audace » et « génie »

Les superlatifs ne manquent pas. « Paris est magique, féerique, olympique. Ce vendredi soir, l’écrin exceptionnel de la Seine et de ses quais d’orfèvres a été le théâtre de la cérémonie d’ouverture des Jeux 2024. Une première inédite hors d’une enceinte sportive. Ou quand l’audace et le génie de nos voisins parviennent à emmener le plus grand événement du monde au stade d’après », juge La Tribune de Genève. « Une chose est sûre : ce spectacle restera dans l’histoire », résume la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Pour le Washington Post, Paris « a démontré qu’une pensée audacieuse pouvait redonner un certain éclat à un événement sportif mondial qui a vu sa popularité s’effondrer ces dernières années ».

Et pourtant, « tout était une question de détermination face à l’adversité », résume The Guardian. La pluie a forcé « les organisateurs à revoir à la baisse certaines parties » du spectacle, explique le Financial Times, qui évoque aussi « l’ombre jetée » par les sabotages des lignes ferroviaires plus tôt dans la journée, quand le New York Times, lui, rappelle à ses lecteurs « la crise politique en cours » en France.

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Mais « si la pluie a joué les trouble-fêtes – au point que certains spectateurs quittent leur place rapidement – elle n’est pas parvenue à gâcher un moment que les organisateurs annonçaient grandiose », assure Le Temps, à Genève. Et le Los Angeles Times doit bien le reconnaître : « Il semblait que rien – pas même une violente pluie estivale – ne pouvait empêcher les Jeux olympiques de Paris de 2024 d’organiser l’une des cérémonies d’ouverture les plus spectaculaires de tous les temps. »

Elle fut spectaculaire et remplie de « moments mémorables et kitsch », pour le Financial Times : « Une silhouette encapuchonnée sautant sur les toits de zinc de Paris, des drag-queens dansant sur de l’électro, des membres de la famille royale décapités lors de la révolution française sur fond de heavy metal, et un cheval argenté avec un cavalier en armure glissant sur la Seine. » « Un festival du Paris queer, qui a l’air fabuleux sous la pluie », résume le New York Times : « [Lady] Gaga et Céline [Dion], danseurs d’Eurodisco, drag-queens installées comme les apôtres de la Cène, les quais de Seine recouverts de rose et un ménage-à-trois se promenant dans la Bibliothèque nationale ».

Des danseurs sur les quais de Seine, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, à Paris, le 26 juillet 2024.

« Un message d’universalisme et de tolérance »

Le Financial Times retient que, de toute façon, « les responsables politiques d’extrême droite avaient dénoncé la cérémonie avant même qu’elle ne commence. [Mais] elle a exprimé clairement en quel genre de France [le pays] croit. » Pour El Pais, la cérémonie a ainsi envoyé « au monde un message d’universalisme, de tolérance et aussi de modestie », alors que la France est « épuisée par des années d’attentats et de divisions et qu’elle vient de vivre une élection que l’extrême droite aurait pu gagner ».

Parmi les polémiques qui ont précédé la cérémonie, celle sur la présence de la chanteuse Aya Nakamura, dont La Tribune de Genève salue la performance : « Plus forte que le venin, elle a rayonné quelques instants. Ses tubes, noués aux classiques de Charles Aznavour, ont glissé comme les eaux de la Seine, avec l’appui final de la garde républicaine devant l’Académie française. Quatuor d’une France aux multiples facettes, bien plus que tricolore. Un pays fracturé par des mois de friction politique qui s’est réconcilié durant quatre heures. »

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Sur le terrain, si les difficultés d’accès sont soulignées par les Brésiliens d’O Globo« le public avait du mal à comprendre jusqu’où il pouvait aller », le Washington Post estime qu’avec cette cérémonie au cœur de Paris, « la ville est les Jeux olympiques et les Jeux olympiques sont la ville. Il n’y a plus de séparation entre les deux, malgré toutes les barrières : les portes, les clôtures, les bornes, les fermetures, les cortèges, le fleuve lui-même – une métropole barricadée mais qui respire néanmoins en agitant le drapeau tricolore du sport, du profit et du patriotisme ». Avant de conclure : « Liberté, égalité, humidité. »

Le Monde

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