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« Une campagne de cyberharcèlement et de diffamation dont la violence est inouïe. » Menacée de mort, de torture et de viol et visée par « de nombreuses injures à caractère antisémite, homophobe, sexiste et grossophobe » depuis la cérémonie d’ouverture des JO, la DJ, militante féministe et icône de la communauté queer Barbara Butch a porté plainte contre X, selon Audrey Msellati, son avocate, lundi 30 juillet.

« Barbara Butch dénonce cette haine abjecte, déversée par écrans interposés à l’encontre de ce qu’elle est, de ce qu’elle représente, de ce qu’elle défend, poursuit le communiqué de Me Msellati. Elle dépose plainte aujourd’hui pour ces faits, qu’ils soient commis par des ressortissants nationaux ou étrangers, et entend poursuivre toute personne qui, à l’avenir, chercherait à l’intimider. »

En commentaire de ce courrier officiel, l’artiste, qui avait dans un premier temps choisi de « laisser les “haters” s’apaiser », explique avoir pris cette décision au regard de l’escalade dans la violence de ce cyberharcèlement. « Les messages que je reçois sont de plus en plus extrêmes, écrit-elle. N’en déplaise à certains, j’existe. Je n’ai jamais eu honte de qui je suis et j’assume tout – y compris mes choix artistiques. Toute ma vie, j’ai refusé d’être une victime : je ne me tairai pas. Je n’ai pas peur de ceux qui se cachent derrière un écran, ou un pseudonyme, pour vomir leur haine et leurs frustrations. Je les combattrai sans jamais trembler. »

Lors de la cérémonie d’ouverture mise en scène par Thomas Jolly, Barbara Butch était au centre d’un tableau intitulé « Festivités », entourée de drag-queens et de mannequins, le chanteur Philippe Katerine presque nu et peint en bleu, le corps serti de fleurs et de fruits, au premier plan. Bon nombre de téléspectateurs ont pensé à une réinterprétation de la Cène, le dernier repas du Christ avant la Crucifixion, dont la représentation la plus connue est la fresque (1495-1498) de Léonard de Vinci, ce qui a valu au show d’être fustigé par une partie de la droite et de l’extrême droite, qui y voit une « provocation » vis-à-vis des chrétiens. La Conférence des évêques de France a même déploré « des scènes de dérision et de moquerie envers le christianisme ». La polémique a pris une tournure internationale, des chrétiens d’Irak appellant à jeûner « pour que Dieu pardonne cette grande insulte », et Donald Trump tançant « une honte ».

« Il n’a jamais été question du Christ »

De son côté, le metteur en scène a rectifié le malentendu sur BFM-TV, expliquant que La Cène – qui a par ailleurs déjà été détournée à maintes reprises dans la pop culture, de la version de Star Wars à celle des Simpsons en passant par South Park –, n’était « pas [son] inspiration ». « Je crois que c’était assez clair, il y a Dionysos qui arrive sur cette table. Il est là, pourquoi, parce qu’il est le dieu de la mythologie grecque de de la fête (…), du vin, et père de Sequana, déesse reliée au fleuve », a-t-il expliqué. « L’idée était plutôt de faire une grande fête païenne reliée aux dieux de l’Olympe… Olympe… Olympisme. » « Vous ne trouverez jamais chez moi une quelconque volonté de moquerie, de dénigrer quoi que ce soit. J’ai voulu faire une cérémonie qui répare, qui réconcilie », a insisté Thomas Jolly.

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Le thème du festin de l’Olympe a inspiré plusieurs tableaux, dont le célèbre Festin des dieux (vers 1635-1640), de Jan Harmensz van Bijlert. Dionysos y est représenté allongé au premier plan, pressant une grappe de raisin au-dessus de sa bouche. C’est Apollon couronné qu’on y voit au second plan.

« Ce qui est sûr, c’est qu’avec Thomas Jolly on n’a jamais parlé de religion, ni de La Cène, le tableau de Léonard de Vinci. Il n’a jamais été question du Christ. J’ai été stupéfait de ces réactions », confie Philippe Katerine dans un entretien au Monde.

« J’ai grandi dans la religion chrétienne, et ce qu’il y a de plus beau dans cette foi, c’est l’idée du pardon. Alors pardon, si j’ai pu laisser passer un malentendu, si j’ai pu choquer des gens. J’en suis bien désolé. Je crois que le pardon peut être réciproque. » Des excuses qu’il a également faites sur CNN : « [Les chrétiens] comprendront que c’est surtout un malentendu de religion (…), il était toujours question de Dionysos. »

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De son côté, la drag-queen Nicky Doll, présentatrice de Drag Race France, la filiale française de la célèbre émission de Ru Paul, est revenue sur sa participation au tableau « Festivités » sur Instagram, refusant quant à elle de s’excuser : « C’était un honneur absolu pour moi de me produire devant des milliards de personnes à travers le monde et de célébrer nos Jeux olympiques, a-t-elle écrit dimanche sur Instagram. Et n’oubliez pas, à tous ceux qui ont été énervés en voyant des homosexuels sur leur écran : NOUS N’IRONS NULLE PART. »

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Le Monde

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