Des quatre mois qu’il a passés à Matignon, Michel Barnier a dû attendre les dernières minutes pour enfin faire l’unanimité de ses soutiens, mercredi 4 décembre. Députés des groupes Les Républicains (LR), Ensemble pour la République (EPR), MoDem ou Horizons, tous se lèvent comme un seul homme et applaudissent à tout rompre celui qui vient se poster devant eux pour son discours d’adieu, quelques minutes avant le vote de la motion de censure qui lui sera fatale.
Sous les « hourras ! » et les « bravos ! », le chef de gouvernement en sursis porte la main à son cœur en guise de remerciement, avant de leur rendre la politesse. A Gabriel Attal d’abord, qu’il remercie de « sa confiance ». De quoi provoquer les rires sarcastiques venus des bancs de la gauche. Peut-être à cause des piques acides que le premier ministre n’a cessé d’adresser à son jeune prédécesseur ? Ou des « lignes rouges » que le président du groupe EPR lui a opposées, allant jusqu’à menacer de faire échouer la commission mixte paritaire de la dernière chance, le 27 novembre, s’il n’obtenait pas gain de cause sur les allègements de charges ?
Déjà de l’histoire ancienne. « Changer la vie des Français (…), c’est précisément le projet que cherche à mettre en œuvre Michel Barnier », a rendu hommage à la tribune Gabriel Attal, vantant le projet « sans esbroufe, sans faux-semblant, avec le sens de l’Etat » du Savoyard. Avant lui, le président du groupe MoDem, Marc Fesneau, avait dressé la liste des « avancées nées de ce compromis », à l’unisson de son homologue d’Horizons, Laurent Marcangeli. De l’accord entre l’Etat et les collectivités territoriales à l’extension du prêt à taux zéro en passant par la fiscalité incitative sur les sodas.
Virulence des échanges
Derrière l’échange d’amabilités et la défense de ce bilan mort-né, l’après-Barnier a déjà commencé. Le premier ministre pas encore débarqué, Gabriel Attal s’adresse longuement depuis l’estrade aux socialistes, les appelant à « se ressaisir » et « se mettre avec nous autour de la table pour agir pour les Français », au nom de l’héritage du « congrès d’Epinay » et de « la gauche de gouvernement, qui a eu l’honneur de donner, par deux fois, un président à la France ».
Depuis mardi, l’ancien premier ministre se fait le promoteur d’une « coalition » pouvant succéder au « socle commun ». Sur la base d’un « accord de non-censure », le député des Hauts-de-Seine propose aux groupes parlementaires, allant du Parti socialiste (PS) à LR, de dégager « trois ou quatre points programmatiques » pouvant servir de fondations à un gouvernement. Celui-ci pourrait ainsi « tenir peut-être jusqu’à l’été » et offrir un semblant de stabilité en attendant une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. Des propositions qu’il devrait formaliser après l’allocution d’Emmanuel Macron, jeudi à 20 heures.
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