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Dans son studio d’étudiante, Cécile Viarouge avait déjà le goût des assiettes vintage et des couverts en argent, qu’elle achetait alors pour trois fois rien. Après avoir travaillé pour des galeries d’art et des maisons de vente aux enchères, voici près d’une dizaine d’années que, sous le nom de Blanche Patine, elle chine de la vaisselle ancienne, mais pas n’importe laquelle. Uniquement de la terre de fer.

Venue d’Angleterre, cette fine faïence, composée d’argile, de feldspath (un minéral) pour la robustesse et de kaolin pour la blancheur, fut produite en France entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe par nombre de manufactures, notamment autour de Paris et dans l’est de la France. « Au début, se souvient-elle, je la cherchais dans des endroits où les gens la jetaient, dans les bennes d’Emmaüs, par exemple, j’avais vraiment le cœur brisé, je me disais : “Il faut qu’elle vive !” »

Cécile Viarouge a d’abord fait connaître Blanche Patine en prêtant ou en louant sa collection pour des réceptions, des mariages, des photos de livres de cuisine ou des magazines comme Elle à table. Aujourd’hui, dans le restaurant Plénitude, à Paris, le chef triplement étoilé Arnaud Donckele sert des entremets ou de petites salades dans ses saucières ou ses tasses rétro.

Le showroom Blanche Patine avec les objets chinés par Cécile Viarouge, à Paris, en juin 2024.

Dans son impressionnant showroom-atelier niché au cœur du 10arrondissement parisien, l’accumulation de centaines d’assiettes, mais aussi de soupières, légumiers, moutardiers, raviers, compotiers ou plats sur piédouche, raconte les arts de la table d’antan. Ici, chaque élément a été soigneusement choisi. « Je suis devenue très exigeante, constate la jeune femme, et il y a beaucoup de choses que je ne prends pas. »

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Elle revendique une prédilection pour les motifs monochromes et floraux, qui « sont comme des tableaux », dit-elle, et compose à l’attention d’une clientèle fidèle des services de table surnommés « les dépareillés », mixant les dessins différents et toutes les nuances d’une même couleur, bleu, rouge, vert…

Et, lorsqu’une belle pièce se brise, la collectionneuse la répare patiemment selon la technique japonaise du kintsugi. Parce qu’il n’y avait aucun ouvrage sur le sujet, elle partage ces jours-ci sa passion dans un beau livre, Terre de fer. Collections de céramique française (E/P/A, Hachette). « Et un jour, j’en suis sûre, confie-t-elle, je ferai un musée. »

Le site de Blanche Patine

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