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Imperturbable malgré le chahut dans l’hémicycle, Michel Barnier a égrené ses priorités, mardi 1er octobre, lors de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale.

L’Assemblée nationale ne s’était pas réunie depuis la mi-juillet et la reconduction au perchoir de la présidente Yaël Braun-Pivet. Après une minute de silence en hommage à Philippine, jeune étudiante tuée il y a dix jours à Paris, les députés de La France insoumise ont brandi leurs cartes d’électeur en signe de protestation contre la nomination de ce premier ministre venu de la droite, solution concoctée par Emmanuel Macron après la dissolution, alors que le bloc de gauche était arrivé en tête des élections législatives. Le Monde fait le point sur les principales déclarations de M. Barnier.

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Une contribution demandée « aux grandes entreprises qui réalisent des profits importants » et aux « Français les plus fortunés »

Le premier ministre s’est engagé à réduire le déficit public de la France à 5 % du PIB en 2025, avec une trajectoire qui doit permettre de « revenir sous le plafond de 3 % en 2029 ».

« La véritable épée de Damoclès, c’est notre dette financière colossale (…) qui, si l’on n’y prend garde, placera notre pays au bord du précipice », a affirmé Michel Barnier devant les députés, s’engageant à un discours de « vérité » sur les comptes publics lors de sa déclaration de politique générale.

« Le premier remède à la dette, c’est la réduction des dépenses. En 2025, les deux tiers de l’effort de redressement viendront donc de la réduction des dépenses. Réduire les dépenses, c’est renoncer à l’argent magique, à l’illusion du tout gratuit, à la tentation de tout subventionner », a-t-il déclaré.

Toutefois, « une participation au redressement collectif » sera aussi demandée « aux grandes entreprises qui réalisent des profits importants » ainsi qu’« une contribution exceptionnelle » aux « Français les plus fortunés », au nom de l’« exigence de justice fiscale », a-t-il ajouté.

Revalorisation anticipée du smic de 2 % au 1er novembre

Le premier ministre a annoncé la revalorisation du smic « de 2 % dès le 1er novembre par anticipation de la date du 1er janvier ». Le smic net mensuel serait ainsi porté à environ 1 426 euros nets, contre 1 398,70 euros actuellement.

M. Barnier a dénoncé également la situation de certaines branches professionnelles « dans lesquelles les minima sont inférieurs au smic ». « Ce n’est pas acceptable et cela fera l’objet de négociations rapides. L’Etat y veillera », a-t-il prévenu.

« En outre, il est désormais démontré que notre dispositif d’allègement de charges freine la hausse des salaires au-dessus du smic : nous le reverrons », a-t-il poursuivi, dans la lignée de son prédécesseur Gabriel Attal, qui avait appelé en janvier à une « désmicardisation » de la société.

« Reprendre le dialogue » sur la réforme des retraites pour « corriger » certaines « limites »

Michel Barnier s’est dit ouvert à des « aménagements raisonnables et justes » sur la très décriée réforme des retraites en vigueur depuis l’an dernier, sans préciser de délai ou de calendrier. Il a appelé « à reprendre le dialogue » avec les partenaires sociaux sur le sujet.

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« Certaines limites de la loi votée le 15 avril 2023 peuvent être corrigées. Les questions des retraites progressives, de l’usure professionnelle, de l’égalité entre les femmes et les hommes face à la retraite méritent mieux que des fins de non-recevoir », a-t-il déclaré. Mais « il est impératif de préserver l’équilibre durable de notre système de retraites par répartition », a-t-il également souligné.

L’immigration et l’intégration ne sont plus maîtrisées « de manière satisfaisante », selon Michel Barnier

Le premier ministre Michel Barnier a jugé que les politiques d’immigration et d’intégration ne sont plus maîtrisées « de manière satisfaisante », ne s’interdisant pas « de conditionner davantage l’octroi de visas à l’obtention de laissez-passer consulaires » avec certains pays étrangers.

Après avoir laissé son ministre de l’intérieur Bruno Retailleau, tenant d’une ligne dure, s’exprimer sur l’immigration depuis la constitution de son équipe, le chef du gouvernement a appelé à « sortir l’immigration de l’impasse idéologique où les uns et les autres l’ont mise », faisant de ce sujet l’un de ses cinq chantiers prioritaires.

A peine un an après l’adoption de la controversée loi immigration portée par Gérald Darmanin, M. Barnier a esquissé de nouvelles pistes de réformes comme « un traitement plus efficace et en proximité des demandes d’asile pour que les demandeurs obtiennent rapidement une décision ».

Sur la question sensible d’une meilleure exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF), un débat relancé dans une partie de la classe politique après le meurtre d’une étudiante à Paris, Michel Barnier propose de faciliter « la prolongation exceptionnelle de la rétention des étrangers en situation irrégulière ».

Le premier ministre prône le respect de l’« Etat de droit »

Une phrase qui se veut une réponse au ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, qui a suscité l’émoi en début de semaine en estimant que « l’Etat de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré ». Michel Barnier a estimé lors de sa déclaration de politique générale que « la fermeté de la politique pénale que les Français demandent est indissociable du respect de l’Etat de droit et des principes. »

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« Aucune remise en cause des libertés » comme l’IVG ou le mariage pour tous

Michel Barnier a énoncé ses « propres lignes rouges » sur les questions de société, assurant qu’il ne tolérerait « aucun accommodement sur la défense de la laïcité » ni « aucune remise en cause des libertés conquises au fil des ans » sur l’IVG, le mariage pour tous ou la PMA.

« J’ai entendu que certains ont des lignes rouges, parfois très rouges », a ironisé le premier ministre devant l’Assemblée. Il a assuré que son gouvernement n’aurait aussi « aucune tolérance à l’égard du racisme et de l’antisémitisme », du « communautarisme », et des « violences faites aux femmes ». « Nous n’accepterons aucune discrimination », a-t-il insisté.

Concernant la fin de vie, dont l’examen avait été suspendu à l’Assemblée en juin par la dissolution, le premier ministre a annoncé qu’il souhaitait « reprendre le dialogue » avec le Parlement en début d’année 2025.

Michel Barnier prêt à une « réflexion » sur le scrutin proportionnel

Le premier ministre s’est dit « prêt à ouvrir une réflexion et une action sans idéologie sur le scrutin proportionnel » pour les élections législatives, réclamé par une partie de la classe politique, de la gauche au Rassemblement national en passant par le MoDem.

« J’ai bien entendu les appels à davantage de représentativités », a assuré le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale devant le Parlement. Sans entrer dans le détail, il a relevé que ce mode de scrutin était « déjà mis en œuvre au Sénat et dans les collectivités et pratiqué, à des degrés différents d’ailleurs, chez beaucoup de nos voisins ».

Nouvelle-Calédonie : le projet de loi constitutionnelle de dégel du corps électoral ne « sera pas soumis au Congrès »

Michel Barnier, a annoncé que les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie seront reportées « jusqu’à fin 2025 » et que le projet de loi constitutionnelle de dégel du corps électoral, à l’origine des émeutes qui ont enflammé l’archipel, ne « sera pas soumis au Congrès ». Il a précisé qu’Emmanuel Macron « confirmera » cet abandon aux élus de Nouvelle-Calédonie quand il les réunira « comme il a l’intention de le faire » au mois de novembre.

Le projet de réforme du corps électoral calédonien avait déclenché en mai les pires émeutes depuis quarante ans dans l’archipel, faisant 13 morts dont deux gendarmes. Il visait à élargir le corps électoral – gelé depuis 2007 – pour les élections provinciales, cruciales sur l’archipel, aux natifs ou résidents de l’archipel depuis 10 ans, au risque de marginaliser le peuple autochtone kanak, accusent les indépendantistes.

Le Monde avec AFP

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