Avec la journée d’action intersyndicale du 18 septembre – plus de 500 000 manifestants dans toute la France selon le ministère de l’intérieur, le double selon la CGT –, les organisations du monde du travail renouent avec les capacités de mobilisation qu’elles avaient démontrées lors du premier semestre 2023 contre le projet de loi sur les retraites qui, pourtant, n’étaient pas parvenues à connaître le succès. La situation d’aujourd’hui est toutefois différente à bien des égards.
En premier lieu, les grèves et les manifestations convoquées jeudi 18 septembre s’articulent avec le mot d’ordre « Bloquons tout » du 10 septembre, surgi des réseaux sociaux. En dépit des préventions affichées par rapport à ce dernier par certaines confédérations, notamment la CFDT, plutôt que de postuler une disjonction entre ces deux dates, il semble plus cohérent de les appréhender conjointement.
Le mouvement « septembriste » a percuté le calendrier initialement imaginé par l’intersyndicale, qui, sans cela, était plutôt partie pour envisager une mobilisation fin septembre ou début octobre. Sans apparaître dans son sillage, l’effervescence autour du 10 septembre a sans conteste convaincu l’intersyndicale, regroupant huit organisations, d’avancer son passage à l’action. D’autant plus que des structures professionnelles et territoriales de plusieurs organisations – CGT, Solidaires, FSU et FO – ont aussi décidé d’investir l’espace public numérique.
Contexte favorable
De plus, la journée du 10 septembre, sans être un mouvement de masse comme celle du 18 septembre, a offert à cette dernière un point d’appui, en suscitant un début de dynamique qui a concouru à son succès. Car l’appel à bloquer tout n’a pas été l’échec annoncé par le ministre de l’intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. Certes, la France n’a pas été bloquée, en raison notamment d’un dispositif hors normes de maintien de l’ordre, qui a été reconduit le 18 septembre. Mais ce mot d’ordre a rassemblé deux fois plus de participants qu’envisagé par les renseignements territoriaux. Et si l’on prend la fourchette haute donnée par les syndicats venus en soutien, soit 250 000 à 300 000 personnes, cette mobilisation présente des chiffres comparables à ceux d’un mouvement qui s’est autoconstruit à l’origine sur les réseaux sociaux, celui des « gilets jaunes ».
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