Meilleures Actions
Histoires Web vendredi, janvier 3
Bulletin

Paris, le 23 décembre 2024,

Chères lectrices, chers lecteurs,

En cette veille de Noël, je suis aux urgences avec mon fils, qui est malade. Je pense à ma sœur et à son bébé. Je me pose mille questions sur la vie avec un nourrisson sous les sirènes, les attaques permanentes.

La dernière grande offensive a visé le quartier où se trouve notre université, l’Alma Mater. C’est là que nous, notre grand-mère maternelle, nos parents, Sasha et moi avons fait nos études de linguistique française. C’est dans ce quartier aussi que j’ai appris la musique, que, jeune fille, je traînais au café. Quelqu’un m’a dit un jour que, quand on a des ­souvenirs quelque part, c’est encore plus dur de voir les conséquences d’un missile dans ces lieux. Je confirme : ça déchire le cœur. Découvrir les vitrines du hall d’entrée de l’université brisées, les vitraux et la rosace de la cathédrale où j’ai chanté tant de fois, détruits, le grand escalier du centre d’affaires près duquel on se retrouvait avec mes amies, démoli…

Dans mon cœur ces jours-ci, se mêlent la tristesse et la joie. C’est le premier Noël de mon fils, et je ­ressens la joie de cette période de fêtes pour la première fois depuis très longtemps. J’aimerais partager cela avec ma famille. Je pense d’autant plus à Sasha que j’aurais dû être là, à Kyiv, en cette fin d’année.

Mon voyage était prévu et planifié dans les moindres détails mais je l’ai annulé : trop dur pour moi de partir avec mon bébé, malgré l’envie immense de voir les miens. Je n’ai pas pu dépasser la peur et imaginer mon enfant au milieu du son des attaques. On en a beaucoup parlé avec Sasha et elle m’a dit quelque chose qui m’a marquée : « Marian ne se réveille même pas pendant les attaques, mais je n’ose pas imaginer comment Zakary réagirait, il n’a pas l’habitude. »

Il vous reste 81.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.