Catherine Rémy est sociologue, chargée de recherche à l’EHESS et au CNRS. Elle a publié en 2024 le livre Hybrides. Transplanter des organes de l’animal à l’humain (CNRS Editions), tiré de son manuscrit d’habilitation à diriger les recherches.
La pratique de la xénogreffe et les débats qui l’entourent sont-ils nouveaux ?
Non, c’est une pratique ancienne. Je la fais remonter à la première xénotransfusion de sang, qui a eu lieu au XVIIe siècle, bien avant les essais de greffe d’organes. Dès qu’il y a eu des transferts de l’animal à l’humain, il y a eu des controverses et des débats éthiques. C’est consubstantiel aux essais. Par exemple, lors d’une tentative de xénogreffe sur un bébé aux Etats-Unis au début des années 1980, des militants antivivisectionnistes [c’est-à-dire opposés à l’expérimentation sur les animaux] ont manifesté devant l’hôpital pour dénoncer la mise à mort d’un être sensible en bonne santé, tandis que d’autres commentateurs s’interrogeaient sur le devenir de cette petite humaine au cœur de babouin.
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