Au début des années 2000, le grand cardiologue Alain Carpentier avait trouvé chez Matra (l’ancêtre d’Airbus) un soutien technologique et financier pour développer un cœur artificiel, au sein de l’entreprise Carmat. Le fruit d’une rencontre entre l’inventeur et son mécène, Jean-Luc Lagardère. Après trente ans de recherches, 550 millions d’euros d’investissement et 120 patients traités, voilà Carmat de retour à la case philanthropique.
Depuis le vendredi 20 juin, Carmat en appelle aux dons et à l’aide de l’Etat pour éviter la cessation de paiement d’ici à la fin du mois tout en critiquant le modèle de financement de l’innovation en France. L’industriel a besoin de 3,5 millions d’euros tout de suite et de 35 millions d’ici à un an. A l’heure où le gouvernement plaide pour la réindustrialisation de la France, le directeur général, Stéphane Piat, dénonce, écœuré, la « crédibilité » de ce discours, espérant que le cas de Carmat puisse constituer un « électrochoc ».
C’est un crève-cœur de voir une fierté technologique française – un espoir de survie pour les insuffisants cardiaques en attente de greffe – ainsi chanceler. « L’innovation dans la santé est très difficile à financer en France. La santé est perçue comme n’ayant pas de valeur parce qu’elle est gratuite », déplore Thomas Clozel, le fondateur de la start-up Owkin, qui dénonce également un manque de vision des politiques.
Trop de promesses non tenues
Le domaine des instruments médicaux, avec une dimension industrielle, apparaît comme un des plus complexes à financer. Pour autant, Wandercraft, le spécialiste des exosquelettes – une innovation également extraordinaire pour les personnes à mobilité réduite – poursuit son bonhomme de chemin. Le 11 juin, la jeune pousse a annoncé la levée de 75 millions de dollars (65 millions d’euros), à travers notamment un partenariat avec Renault visant à développer des robots mobiles à usage industriel.
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