SÉLECTION OFFICIELLE – EN COMPÉTITION
Des enfants qui tombent comme des mouches et des femmes qui trinquent. Des corps mutilés, et un étrange rituel honorant les morts. Bref, une famille de paysans semble avoir rendez-vous avec le malheur, voire le convoque, avec une rare brutalité. Mais d’où sort ce film qui ouvrait la compétition cannoise, mercredi 14 mai, Sound of Falling, second long-métrage de la réalisatrice allemande Mascha Schilinski ? On pourrait le présenter comme un drame féministe, à deux doigts de basculer dans l’épouvante ou dans le surréalisme, avec quelques tours visuels superbement filmés. Une œuvre certes remplie de symboles (ou de cases sociétales), mais que l’on aurait tort de réduire à cela.
Son ambition esthétique et son récit décanté sur quatre générations de femmes, sans chronologie linéaire, installe de la complexité, laisse des pans de récits ouverts, le film flottant comme un mobile, après la projection. Née en 1984, à Berlin, Mascha Schilinski a été révélée à la Berlinale, en 2017, avec son premier long-métrage, Dark Blue Girl, l’histoire d’une fillette cherchant à perturber le couple que forment ses parents – la jeune actrice Hanna Heckt, formidable de tension, tient aussi l’un des rôles principaux dans Sound of Falling. La réalisatrice, qui a travaillé dans le casting d’enfants, aurait aussi un passé de magicienne et de cracheuse de feu au sein d’un cirque itinérant. Bref, elle a de l’imagination à revendre et nous laisse scotchés sur le siège avec une séance de couture d’un globe oculaire et de sa paupière, au fil et à l’aiguille.
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