SÉLECTION OFFICIELLE –
EN COMPÉTITION
Remarquée avec un film d’anticipation, Plan 75, à Un certain regard, à Cannes, en 2022, imaginant un programme d’euthanasie au Japon pour les personnes âgées, la réalisatrice japonaise Chie Hayakawa détonait avec son regard radical sur une société où les vieux sont mis au rebut. Renoir, son nouveau long-métrage, qui concourt pour la Palme d’or, change de registre avec un récit plus personnel : celui d’une préadolescente, Fuki (Yui Suzuki), 11 ans, se préparant au deuil de son père (Lily Franky). Celui-ci, atteint d’un cancer, est en phase terminale, tandis que la mère (Ikari Ishida), débordée, laisse sa fille en roue libre.
L’histoire se situe en 1987, lorsque la cinéaste, née en 1976, avait justement le même âge que l’héroïne. Cette dimension autobiographique de l’œuvre n’empêche pas un certain onirisme. Voire un impressionnisme, avec des images aux confins de la réalité. Le scénario mêle ainsi le quotidien et le rêve, du moins l’imagine-t-on, comme pour sonder les échappées mentales de la fillette.
Le passage d’un état brumeux à un autre est plutôt fluide, créant une atmosphère en lévitation, non dénuée de charme. L’énergie de Fuki rappelle, par moments, le tourbillonnant Déménagement (1993), de Shinji Somai, avec son héroïne débordante de vitalité, mais aussi désemparée, alors que ses parents viennent de divorcer. La comparaison s’arrête là : Renoir reste trop sagement corseté dans son programme, explorant de nombreuses pistes sans creuser vraiment un sillon.
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