Plusieurs stars du cinéma mondial, dont Pedro Almodovar, Susan Sarandon et Richard Gere, dénoncent le « silence » du monde de la culture face au « génocide » à Gaza, dans une tribune publiée dans l’édition de mardi 13 mai de Libération, pour l’ouverture du Festival de Cannes. Elle doit également être publiée dans Variety, la bible américaine de l’industrie du cinéma.
« Nous artistes et acteur.ice.s de la culture, nous ne pouvons rester silencieux.se.s tandis qu’un génocide est en cours à Gaza », affirme ce texte cosigné par quelque 380 personnes, dont les réalisateurs canadiens David Cronenberg et Xavier Dolan, suédois (Ruben Ostlund,lauréat de deux Palmes d’or), finlandais (Aki Kaurismäki), britanniques, (Jonathan Glazer et Mike Leigh), et israélien (Nadav Lapid), l’acteur espagnol Javier Bardem, les actrices françaises Leïla Bekhti, Julie Delpy, Adèle Exarchopoulos et Hafsia Herzi.
Leur tribune rend hommage à la photojournaliste palestinienne Fatima Hassouna, tuée dans un bombardement israélien à la mi-avril et héroïne d’un documentaire programmé dans le cadre du Festival de Cannes, qui débute mardi. « Dix de ses proches, dont sa sœur enceinte, ont été tué·es par cette même frappe israélienne », précise la tribune.
Selon un des collectifs à l’origine du texte, sollicité par l’Agence France-Presse (AFP), la présidente du jury cannois, l’actrice française Juliette Binoche, faisait initialement partie des signataires mais son nom ne figure pas parmi les trente-quatre personnalités dévoilées dans l’édition de Libération.
« Absence de soutien » de l’Académie des Oscars à Hamdan Ballal
La tribune s’émeut également de « l’absence de soutien » de l’Académie des Oscars quand le Palestinien Hamdan Ballal a été attaqué par des colons israéliens fin mars, quelques jours après avoir été oscarisé pour son documentaire No Other Land. « Une telle passivité nous fait honte », écrivent les signataires.
« Pourquoi le cinéma, vivier d’œuvres sociales, engagées, paraît se désintéresser de l’horreur du réel, de l’oppression subie par nos consœurs et confrères ? », s’interrogent-ils, appelant à agir « pour toutes celles et ceux qui meurent dans l’indifférence ». « Le cinéma se doit de porter leurs messages », écrivent-ils.
La guerre à Gaza a été provoquée par l’attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le Hamas qui a entraîné la mort de 1 218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Les représailles israéliennes ont fait au moins 52 862 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données publiées dimanche par le ministère de la santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.