SÉLECTION OFFICIELLE – EN COMPÉTITION
Le cinéma de la Catalane Carla Simon est une magnifique fabrique à souvenirs. La réalisatrice, née en 1986, le prouve à nouveau avec le très libre Romeria, en lice pour la Palme d’or, son troisième long-métrage après Nos soleils (2022), Ours d’or à Berlin, et son premier « long », Eté 93. Largement inspirés de sa vie, ces films recomposent le passé fragmenté de la cinéaste qui a perdu très jeune ses parents, morts du sida, et a été élevée dans une famille d’accueil – Eté 93 revenait sur cette enfance écorchée.
Notons au passage que la fiction de Carla Simon fait écho à celle de Julia Ducournau, Alpha, également en compétition, dans une texture toutefois bien différente : d’un côté, le journal filmé, au souffle poétique, dans Romeria, de l’autre, l’œuvre plastique dans Alpha, avec ces malades du sida qui mutent en gisants de marbre. Les deux réalisatrices, en revanche, sont animées du même désir de montrer l’ostracisation dont faisaient l’objet ces personnes.
Romeria suit le périple de Marina (Llucia Garcia), la vingtaine, tel un alter ego de la cinéaste, débarquant dans la ville portuaire de Vigo, en Galice. Elle n’a pas grandi avec ses parents, partis trop tôt avec le virus, et fait connaissance avec ses oncles, tantes, cousins et grands-parents, installés dans ce bout du monde, bordé par l’océan Atlantique. La jeune femme, qui cherche à obtenir une bourse pour ses études de cinéma, veut récupérer un document officiel établissant sa filiation. Au bureau de l’état civil local, le nom de Marina n’apparaît nulle part, détail qui installe une désagréable sensation d’avoir été rayée de la carte.
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