Meilleures Actions
Histoires Web dimanche, juin 16
Bulletin

QUINZAINE DES CINÉASTES

Alors qu’on atteint le bout de cette Quinzaine des cinéastes et de ses vingt et un longs métrages, Glazer – l’un des quatre films indépendants américains en course et l’un des derniers à y être découvert – vient remettre un bon coup de jus aux festivaliers en baisse de régime. Est-ce parce que son réalisateur, Ryan J. Sloan, est électricien de métier ? Est-ce parce qu’il a accompagné, à l’ancienne, l’envoi de son film d’une belle lettre, qui a touché le cœur du délégué artistique de la sélection, Julien Rejl ? Peut-être, mais la raison est à chercher, plus essentiellement, dans les belles qualités que démontre ce premier long-métrage réalisé avec des bouts de ficelle, mais avec l’amour du cinéma des années 1970 en bandoulière et la foi chevillée au corps.

L’actrice Arielle Mastroianni (rien à voir jusqu’à plus ample information), au centre de ce film, en a coécrit le scénario avec Ryan J. Sloan. De tous les plans, cette frêle jeune femme au visage anguleux et au regard intense campe Frankie, un personnage en proie à une maladie dégénérative qui déforme sa perception du temps et du réel. Séparée de sa fille depuis la mort, dans des conditions mystérieuses, de son père, elle tente à tout prix de la récupérer auprès de sa belle-mère, qui lui voue une haine dont le film nous suggère qu’elle pourrait être liée aux conditions de la mort de son fils. Par ailleurs, Frankie, qui vient de se faire virer de son boulot de pompiste, parce qu’elle ne parvient pas à se concentrer sur la réalité, et qui se trouve sous le coup d’une menace d’expulsion de son domicile pour loyer impayé, cherche par tous les moyens à gagner de l’argent.

Traquenard machiavélique

La rencontre inopinée d’une jeune femme au sein du groupe de parole qu’elle fréquente semble devoir lui ôter cette épine du pied. Claire, qui s’est enfuie de son appartement qu’elle partage avec un frère violent, demande à Frankie de monter y récupérer ses clés de voiture, en lui promettant 3 000 dollars. Alors qu’elle entrevoit le possible bout du tunnel que lui procurerait cette somme, Frankie tombe dans un traquenard machiavélique, qui consiste à la faire passer pour l’autrice d’un crime qu’elle n’a pas commis, alors même que, parallèlement, des scènes de cauchemars récurrentes semblent la désigner comme l’assassin de son mari.

Tourné en 16 millimètres granuleux à souhait, sous le signe d’un enchevêtrement de situations bientôt inextricables, dont on ne sait trop si elles relèvent de la projection mentale ou de la réalité, Gazer est un hommage contemporain au thriller paranoïaque du siècle passé. Tourné dans une pauvreté visible, le film tient tout entier sur son geste de mise en scène.

Il vous reste 25.97% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.