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Histoires Web dimanche, juin 16
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SÉLECTION OFFICIELLE – EN COMPÉTITION

En 2018, une équipe de bras cassés malmenés par la vie, dépressifs mais bien motivés à devenir des champions de natation synchronisée avait entraîné dans l’eau de la piscine toute une salle, qui en était ressortie euphorique. Le Grand Bain, comédie chorale de Gilles Lellouche, projetée cette année-là en clôture du Festival de Cannes, avait unanimement emballé les spectateurs. Et tiré les larmes au réalisateur, ému d’un tel accueil.

Six ans plus tard, celui-ci revient à Cannes, cette fois en compétition, pour L’Amour ouf, long-métrage de presque trois heures sur une histoire qui tient en quelques mots : à l’adolescence, dans les années 1980, un jeune voyou et une fille bien sous tous rapports tombent raides dingues amoureux l’un de l’autre, puis la vie les sépare durant dix ans, avant de les réunir.

L’argument pourrait laisser prétendre à une comédie sentimentale si ce n’était l’énergie que déploie Gilles Lellouche à nous en éloigner par l’utilisation d’un autre genre, le film de gangsters. Registre qu’il investit en grande pompe, courses et cascades de voiture, scènes de baston saturées de coups réglées à l’américaine, surlignées par un usage intempestif des travellings, des plongées et contre-plongés. L’Amour ouf, oui. Mais avec de la poigne, à défaut d’épaisseur.

Adrénaline et testostérone

Les deux jeunes dont il est question n’ont rien – et cependant tout – à faire ensemble. Clotaire (Malik Frikah), fils d’une mère tendre et d’un père ouvrier à la main leste, traîne avec ses potes, une bande de voyous qui ne rechignent pas à ouvrir leur bec et commettre quelques larcins. Jackie (Mallory Wanecque), fille d’un père aimant (Alain Chabat) qui l’élève seule, depuis la mort de sa femme, suit avec assiduité ses études et ne s’attarde pas dans les rues. Contre toute attente, Clotaire et Jackie vont s’aimer d’un amour fou, qui les fera vivre intensément la moindre baignade ou promenade en Mobylette.

Clotaire pour autant se laisse entraîner dans une ou deux affaires de vol orchestrées par un caïd du coin (Benoît Poelvoorde) auprès de qui il croit avoir trouvé un pseudo-père. Las, un braquage tourne mal, qui envoie directement Clotaire en prison pour le meurtre d’un convoyeur de fonds, ce qu’il n’a pas commis. Le fautif étant le fils du caïd, l’adolescent n’a pas d’autre choix que de se taire.

A sa sortie, dix ans plus tard, Clotaire (François Civil) ne retrouvera pas Jackie. Celle-ci a rencontré l’un des patrons d’une société d’agences de location de voitures (Vincent Lacoste) avec qui elle s’installe. Durant cette longue pause, où la violence cède le pas à un quotidien plutôt aisé, Jackie (Adèle Exarchopoulos) sourit, semble à nouveau amoureuse. Le passé paraît s’être éloigné, on le devine néanmoins, l’ennui gagne. Réveillé par Clotaire, vers lequel le film retourne, qui depuis sa libération n’a plus goût à rien mais tentera une vengeance contre le fils du caïd, à la place duquel il fut enfermé.

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