
Le mensuel spécialisé Timbres magazine de juin, tout comme son concurrent Atout timbres, fait la part belle à Phila-France 2025, le championnat de France de philatélie et le 98e congrès national de la Fédération française des associations philatéliques (FFAP) organisés à Colmar (Haut-Rhin) du 6 au 9 juin.
Michel Melot, le rédacteur en chef de la revue, dans son éditorial, se réjouit : « Tous les voyants sont au vert et les dirigeants locaux devraient bientôt cueillir les fruits d’une manifestation accomplie (…). Est-ce parce que cette ville du Grand Est est limitrophe avec d’autres pays comme l’Allemagne et la Suisse qui abritent beaucoup de collectionneurs ? (…) Sans oublier que Colmar, touristiquement parlant, vaut le détour. » Avant d’évoquer la « trentaine de négociants [qui] auront un stand » et « La Poste qui viendra vendre le timbre » dédié à l’événement, le carnet sur les fleurs brodées et le traditionnel timbre de distributeur. Et de remercier « les organisateurs de cette manifestation, le Groupement philatélique régional d’Alsace et du Territoire de Belfort, qui n’ont pas hésité à nous fournir des articles étoffés, illustrés et documentés sur la philatélie locale », qui s’ajoutent à toutes les informations pratiques dispensées par Timbres magazine pour participer à Phila-France (dont l’entrée est gratuite).
On commence ainsi avec une étude consacrée à « l’éphémère poste privée de Colmar (mai 1896-octobre 1898) » sous la signature de Michel Frick, président de l’Association des spécialistes en marques postales et oblitérations d’Alsace-Lorraine (Spal).
Ce dernier explique qu’une « loi prussienne du 28 octobre 1871 réserve la distribution du courrier d’une ville à l’autre à la poste impériale allemande. Un vide juridique concerne le trafic postal au sein des villes, une lacune qui permet la création de postes privées dans de nombreuses villes allemandes dès 1873, y compris en Alsace-Lorraine, à Strasbourg et à Metz en 1886, à Mulhouse en 1895 et enfin à Colmar en 1896 ».

L’auteur détaille la production de timbres, d’entiers postaux, présente des courriers transportés à l’époque, expliquant que la poste privée – dont le siège se trouve au 6, rue Stanislas – créée par Johann Storck, qui se suicide quinze jours après son lancement, passe de mains en mains, son dernier propriétaire, Heinrich Dinges, un imprimeur, choisissant de la fermer pour cause de non-rentabilité. « La vente des timbres cesse le 1er octobre 1898 mais Heinrich Dinges garantit encore la distribution des lettres et des cartes affranchies avec des timbres locaux jusqu’au 15 octobre. » Tout cela avant une loi du 20 décembre 1899 « qui prévoit la suppression des postes privées en Allemagne au 1er avril 1900 ».
Michel Frick conclut en observant que « de nombreux timbres sont connus avec une oblitération du 2 JAN. 98, ce qui est aussi le cas des entiers postaux n’ayant pas voyagé [sans destinataire, non rédigé]. Une des hypothèses avancées (…) serait l’annulation des timbres après la cessation d’activité de la poste privée pour les rendre inutilisables »… Comme ce mandat-carte vierge qui illustre l’article, pré-affranchi avec un timbre à 15 pfennigs, annulé avec un timbre à date du 2 janvier 1898.

Aérophilatélie, avec un très documenté article de Bertrand Sinais sur Joseph Thoret (1892-1971), as de l’aviation – spécialiste du « vol sans moteur, avec hélice calée » – et qui finit sa carrière dans la peau d’un artiste. Il existe des courriers transportés par Thoret par avion à l’occasion du « premier vol Paris-Chamonix-Mont Blanc », qu’il effectue en 1928, « 24 plis dont 11 recommandés, tous adressés au docteur Agnel [à Chamonix] et revêtus de la signature autographe de Thoret ».

Le pilote est entré chez Air Union en 1927. Il effectue des vols pour les touristes entre Genève et Passy (Haute-Savoie) et il est conduit à transporter Edouard Herriot, Maurice Farman et André Gide. Il passe ensuite à l’Ecole de l’air de Salon-de-Provence puis « est envoyé à Beyrouth comme directeur des cours des élèves instructeurs » avant de prendre sa retraite en 1945, à Aix-en-Provence, où il se met à la peinture et à la sculpture, « selon les principes de l’art brut ». Joseph Thoret est assez difficile à trouver dans les ventes…
On passe à un tout autre sujet avec une thématique consacrée à l’histoire tourmentée du Burundi, à partir de son indépendance, en 1962, jusqu’à nos jours.

Pour cette période, les timbres ne manquent pas, à l’effigie du roi Mwambutsa IV (1912-1977), déposé par son fils le 8 juillet 1966 Ntare V, lui-même renversé la même année par son premier ministre Michel Micombero (1940-1983), puis assassiné en 1972.

Suivent un génocide dont sont victimes entre 50 000 et 100 000 Hutus, d’autres coups d’Etat, la mort du président Ntaryamira dans l’attentat qui coûte la vie du président rwandais Habyarimana en 1994, un nouveau génocide dont sont victimes à leur tour les Tutsis… jusqu’à l’actuelle présidence d’Evariste Ndayishimiye, qui succède en 2020 à Pierre Nkurunziza, décédé peu de temps avant la fin de son mandat.

Les lecteurs de Timbres magazine traversent l’Atlantique pour se diriger vers le Surinam, dans le cadre d’une série d’articles consacrés aux anciennes colonies et dépendances des Pays-Bas.

L’auteur, dans ce chapitre, traite des dernières émissions d’avant-guerre, des premiers timbres à surtaxe au profit de la Croix-Rouge, en 1927, jusqu’à ceux parus en 1942, « trois vignettes de la série courante surchargées. Mais là, on en revient à une surtaxe proportionnellement plus forte pour la plus petite valeur faciale (100 %) que sur la forte (66 %) ! Nous en montrons ici quatre, car une faible partie de la surcharge sur le timbre à 2 cents fut apposée sur le timbre du tirage de Londres de 1941 et non sur les stocks restants de 1936 [que l’on distingue par des différences de dentelure] – une variante signalée par le catalogue de cotation Yvert et Tellier, et qui en fait un “bon” timbre. Il existe deux variantes de la surcharge, selon que le “c” de la surcharge est plus ou moins grand »…

Pour les plus grosses valeurs faciales, le Surinam fait appel au profil « à la voilette » de la reine Wilhelmine des Pays-Bas. « Dernière émission de série courante en provenance de la métropole envahie pendant la guerre, un timbre à 15 cents bleu, à l’effigie modernisée de Wilhelmine, un visuel qui devint commun à tous les territoires néerlandais par la suite, apparut en 1941 », dont on trouve des non-dentelés « assez facilement », moins coûteux que les « courriers les comportant, assez difficile à trouver ».

Quelques informations relevées au fil des pages :
Affranchissements composés. L’Autriche a émis un bloc-feuillet qui comprend 10 timbres « d’appoint » à 5, 10, 15, 15, 27, 27, 33, 33, 40 et 40 centimes d’euro (pour un total de 2,45 euros), permettant de compléter l’affranchissement de lettres ou de cartes postales pour « faire le compte ». Tirage : 150 000 feuillets.

A lire. Deux pages répertorient les bulletins « papier » d’associations philatéliques reçus à la rédaction. Il y en a pour tous les goûts : APY (bulletin de l’Amicale philatélique yonnaise) ; le bulletin d’information du Groupement philatélique d’Aquitaine ; La Marcophilie navale (magazine des collectionneurs du courrier des marins) ; PhilAPL (Association philatélique du Loiret) ; Dentelé 28 (Cercle philatélique chartrain) ; Le Phil’de Périgueux (Amicale philatélique de la Dordogne) ; Documents philatéliques (Académie de philatélie) ; Le Rekkas (Association philatélique SPLM Maroc et Tunisie) ; Les Timbrés du rugby (Dominique Didier, 3, place Saint-Georges, 45390 Grangermont) ; La Philatélie chinoise (Patrice Daniel, 6, rue Gambetta, 60180 Nogent-sur-Oise) ; L’Entier postal (Association des collectionneurs d’entiers postaux) ; Phila-Sarcelles (Club philatélique de Sarcelles et environs) ; A.P.B. (Association philatélique du Boulonnais)…
Bande dessinée. Pour le 3e Festival BD Fest organisé les 17 et 18 mai à La Roche-sur-Yon (Vendée), l’Amicale philatélique yonnaise diffuse des souvenirs philatéliques réalisés à partir de l’affiche du festival dessinée par Michel Colline. Infos : Pierre Barbier au 07-89-42-11-10 et courriel [email protected].

Entrez dans la danse. A l’occasion du 90e anniversaire de la mort de Carlos Gardel (1890-1935), l’Union philatélique toulousaine (UPT) a décidé de réaliser un timbre et un collector (de quatre timbres différents) en hommage au créateur du tango chanté. Ces timbres, ainsi que des cartes postales et documents musicaux sur Carlos Gardel à travers le monde, l’Amérique latine, le tango, les instruments de musique seront exposés à la Communauté municipale de santé (CMS, 2, rue Malbec, à Toulouse), du samedi 28 au vendredi 4 juillet. Les timbres seront en vente sur place ou par correspondance (Patrice Petreau, UPT, 9, rue Georges-Brassens, 31200 Toulouse. Courriel : [email protected]).

Recrutement. Le négociant spécialisé Philatélie 72 (120, route de Montferrier, 34830 Clapiers. Tél. : 04-99-58-30-95 et courriel : [email protected]) cherche un « préparateur ou préparatrice de commande en timbres-poste ». Rémunération annoncée : « à partir de 1 800 euros mensuels bruts, selon profil ».
Autres sujets au sommaire de Timbres magazine :
– « Quelle poste pour les Etablissements français dans l’Inde », par François Chauvin (2e partie).
– « La mécanisation du tri du courrier : le pourquoi et le comment de l’indexation », par Gérard Gomez.
– « En 1875 à Madagascar, de la difficulté de correspondre avec l’extérieur », par Alain Millet.
– « La Croix-Rouge internationale », par Jean-Louis Emmenegger.

– « Polynésie, terre des arts », par Gérard Artaud. Où il est question des navigateurs Samuel Wallis, Bougainville et James Cook et des artistes Gauguin, Jacques Boullaire, Edgar Leeteg – « le Gauguin américain – (et non Edgard Loeter), ou Christine de Dinechin (dont une oeuvre est reprodute en couverture du magazine)… L’auteur rendant un hommage particulier à Pierre Angéli (1921-2008), en son temps gouverneur de la Polynésie, et à l’amiral Armand Bruat (1796-1855), « autre oublié de la philatélie », qui, « après Tahiti, devint gouverneur général des Antilles et commanda la flotte française lors de la guerre de Crimée ».
« Timbres magazine », juin 2025, n° 278, 108 pages. En vente en kiosques (6,90 euros), ou par correspondance (2, rue de l’Etoile, CS 79013, 80094 Amiens Cedex 3). Tél. : 03-22-71-71-87. Courriel : [email protected]. Rédaction en chef : [email protected]. Version numérique ici.
