L’exercice s’annonce inédit, épineux et un brin surréaliste. Les sénateurs et le gouvernement se retrouvent à partir de ce mercredi 15 janvier au Sénat, en séance publique, pour tenter de doter enfin la France d’un budget, après l’échec de Michel Barnier et la mise en place, fin décembre, d’une loi spéciale provisoire, un sparadrap destiné à faire tourner les services publics malgré l’absence de loi de finances.
C’est peu dire que l’expérience paraît complexe. Pour des raisons de rapidité, François Bayrou a en effet décidé de repartir du projet de budget pour 2025 déjà sur la table. Un texte conçu durant l’été par un gouvernement Attal en sursis, ravaudé en quinze jours par l’équipe Barnier, laissé pour mort après le vote de la censure, et qui ressuscite à présent. Un revenant, dont le profil n’a plus grand-chose à voir avec celui présenté en octobre. Le changement est tel que le Haut Conseil des finances publiques, lié à la Cour des comptes, se prépare à réexpertiser le projet, comme pour un nouveau budget.
Les deux principales données sur lesquelles est bâtie la loi de finances ont en effet bougé, a annoncé François Bayrou dans sa déclaration de politique générale, mardi 14 janvier. La prévision de croissance pour 2025 a été abaissée à 0,9 % seulement, au lieu de 1,1 %, pour tenir compte du ralentissement de l’économie européenne et de l’impact négatif de l’instabilité politique française. Le nouveau chiffre paraît plus réaliste que le précédent, mais certains analystes se montrent plus pessimistes encore. La banque américaine Goldman Sachs table par exemple sur seulement 0,6 % en 2025. Une croissance faible qui ne peut que limiter les recettes fiscales.
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