Nicole Belloubet a prévenu que ses mots sur le futur budget de l’éducation nationale ne pouvaient être qu’« hésitants », mais le message, lui, est clair. En l’état, le projet budgétaire adressé par Matignon à son ministère pour 2025 « ne répond pas à l’ensemble [des] besoins » du plus gros portefeuille de l’Etat, a déclaré la ministre démissionnaire, mardi 27 août, lors de la conférence de presse de rentrée, qu’elle a souhaité tenir en dépit de la situation politique.
Comme tous les autres ministères, l’éducation nationale a reçu, le 20 août, les « lettres plafonds » envoyées par Gabriel Attal, premier ministre lui aussi démissionnaire, qui fixent les futurs crédits de paiement et les plafonds d’emploi. Dans un contexte général de gel des crédits, ni Matignon ni la Rue de Grenelle n’ont souhaité communiquer les détails des arbitrages pour l’éducation nationale, dotée de 63,6 milliards d’euros dans la loi de finances initiale pour 2024.
L’entourage de Gabriel Attal a fait savoir que l’enveloppe prévoyait une hausse de 900 millions d’euros « par rapport au budget final de 2024 » – dont le montant initial a été amputé de près de 700 millions d’euros en février. Du côté de Nicole Belloubet, on affirme que le budget 2024 de la Rue de Grenelle a été « reconduit en valeur » pour 2025.
Plafonds provisoires
« Ces plafonds nous contraindraient à une particulière rigueur budgétaire », a, quoi qu’il en soit, prévenu Mme Belloubet, mardi. Le budget de l’éducation nationale, presque intégralement consacré à des dépenses de personnels, croît en effet naturellement chaque année du fait du vieillissement des 1,2 million d’agents du ministère et de leur avancement de carrière. « On serait obligés d’appliquer des mesures d’économies qu’à ce stade on ne serait pas en mesure de piloter », précise son entourage.
Les plafonds décidés par le gouvernement démissionnaire ne sont toutefois que provisoires, en attendant la nomination d’un exécutif de plein exercice qui sera légitime pour travailler sur un budget pour 2025, et établir ses orientations et priorités financières.
« La cohérence voudrait que le budget de l’éducation nationale soit au minimum sanctuarisé. Le prochain gouvernement devra y être très attentif s’il souhaite maintenir une réelle ambition pour cette priorité nationale », a déclaré Nicole Belloubet, exhortant à « ne jamais oublier qu’un euro dépensé pour l’éducation est un investissement pour l’avenir de la nation ».
Cette liberté de ton tranche avec la discrétion dont a fait preuve l’ancienne rectrice sur les questions financières depuis son arrivée rue de Grenelle, alors même que les 683 millions d’euros retranchés en février à l’éducation nationale par Bercy dans le cadre du plan de 10 milliards d’euros d’économies pour 2024 ont été source de nombreuses tensions.
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