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« Sur le fond, ça n’avance pas » : la menace d’une censure du gouvernement par le Rassemblement national (RN) doit être prise au « sérieux », a averti, jeudi 30 janvier, le député Jean-Philippe Tanguy, qui participe aux négociations entre députés et sénateurs en commission mixte paritaire (CMP) sur le budget 2025.

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Sept députés et sept sénateurs sont réunis depuis 9 h 30 à l’Assemblée nationale pour tenter de s’entendre sur une version commune du budget de l’Etat. En cas d’accord sur un compromis, celui-ci serait soumis la semaine prochaine aux deux chambres du Parlement. Mais, faute de majorité à l’Assemblée pour le faire adopter, le premier ministre, François Bayrou, devrait alors recourir à l’article 49.3, s’exposant à la censure des députés.

La CMP, qui pourrait durer jusqu’à vendredi, est dominée par la coalition gouvernementale, avec huit parlementaires issus de ses rangs. Lors des discussions, a expliqué M. Tanguy, le RN s’est résolument opposé à un article du projet de loi de finances réformant la rémunération d’EDF pour sa production nucléaire, en remplacement du système actuel qui s’éteint le 31 janvier 2025 et qui obligeait l’électricien à vendre à prix cassé une partie de son électricité. Cette disposition pourrait provoquer un doublement du prix de l’électricité issue du nucléaire, ce qui pèserait sur les ménages et aggraverait la désindustrialisation, a argumenté M. Tanguy.

Dans ces discussions budgétaires, le RN a certes été « bien mieux traité » sur la forme par François Bayrou que par son prédécesseur, Michel Barnier, a-t-il convenu. Cependant, « sur le fond, ça n’avance pas », notamment sur la politique migratoire où l’exécutif n’a donné « aucun gage, bien au contraire », selon le député d’extrême droite.

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Ne pas faire « la courte échelle à Marine Le Pen »

Les discussions sont également complexes avec le Parti socialiste (PS). Faute d’ouverture vers la gauche, « il y aura une censure », a prévenu jeudi matin le député Philippe Brun, chargé de négocier en CMP au nom de son parti. « Nous sommes très ouverts au dialogue. J’attends maintenant des macronistes, des LR, d’être aussi ouverts pour trouver un chemin avec nous », a ajouté M. Brun. Interrogé sur les lignes rouges de son parti, il a affirmé que le PS ne laisserait « pas passer » un « budget d’austérité » ; qui « sabre dans les services publics de manière importante » ; qui ne mettrait « pas en place davantage de justice fiscale » ou qui « sacrifierait l’écologie ». Les négociations entre le gouvernement et le PS, engagées depuis plusieurs semaines, s’étaient interrompues mardi après la sortie de François Bayrou sur « le sentiment de submersion » migratoire, selon lui, ressenti par les Français.

Les socialistes décideront de manière « autonome » de voter ou pas la censure, indépendamment de l’attitude du RN, a, de son côté, souligné le député PS Arthur Delaporte. « Nous verrons en fonction de ce qui sortira de la CMP et de l’évolution de la politique du premier ministre », a résumé M. Delaporte, rappelant les deux exigences « cumulatives » de son parti : un budget qui ne « dégrade » pas la vie des Français, et un gouvernement qui ne fasse pas « la courte échelle à Marine Le Pen ».

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Des « ajustements, mais les choses sont bien engagées »

Au sein du socle commun aussi, les discussions se sont poursuivies pour trouver un terrain d’entente. Les deux chefs de file des discussions en CMP, le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson (Les Républicains), et le représentant des députés Renaissance, David Amiel, ont multiplié ces derniers jours les rendez-vous pour accorder leurs points de vue. « Cela avance plutôt bien, il reste quelques ajustements, mais les choses sont bien engagées », s’est félicité mercredi M. Husson auprès de l’Agence France-Presse (AFP), escomptant que la copie issue de la CMP permette au gouvernement de réduire le déficit à 5,4 % du PIB comme prévu, au prix d’un effort budgétaire de 50 milliards d’euros.

Parmi les sujets les plus clivants au sein du socle commun : l’aide médicale d’Etat (AME) réservée aux étrangers en situation irrégulière, dont la droite souhaite voir les crédits diminuer de 200 millions d’euros, contre l’avis de la ministre du budget, Amélie de Montchalin, et de nombreux macronistes. Les socialistes en font même « une ligne rouge » absolue. In fine, la version commune proposée MM. Husson et Amiel devrait acter cette réduction. LR a fortement poussé en ce sens. « Un budget de l’AME auquel on ne touche pas, ce n’est juste pas possible, a souligné mercredi un responsable du parti auprès de l’AFP. On ne peut pas avoir un premier ministre qui nous parle de submersion migratoire, mais qui n’en tire aucune conséquence. »

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Le président de Renaissance, Gabriel Attal, qui avait souhaité après la chute de Michel Barnier que le socle commun sorte de la tutelle du RN, a apporté mercredi son soutien à François Bayrou dans sa recherche d’un accord avec les socialistes. « Personne, aucun groupe politique n’est totalement satisfait par ce budget. C’est peut-être la preuve qu’il y a une forme de compromis », a jugé l’ancien chef du gouvernement.

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