Michel Barnier l’a confié mardi 8 octobre lors d’une réunion avec les députés Renaissance du groupe Ensemble pour la République : « LR [Les Républicains], ça reste ma famille politique. » Mais, en famille, les discussions sont souvent animées, surtout sur les questions d’argent. Samedi soir, le premier ministre a ainsi reçu un appel de Laurent Wauquiez. Après une réunion à distance avec ses députés, le président du groupe la Droite républicaine (DR) à l’Assemblée nationale l’informe que la présentation du projet de loi de finances (PLF) a « crispé » une partie de ses troupes. Le mot de ligne rouge n’est pas prononcé, mais le député de la Haute-Loire lui annonce que son groupe souhaite « faire obstacle » au relèvement de la taxe sur l’électricité et du malus automobile à travers deux amendements de suppression.
Avec 383 amendements déposés, la Droite républicaine est d’ailleurs le groupe de l’Assemblée nationale le plus actif sur cette partie recettes du PLF. « On sait que l’équation est compliquée pour Michel Barnier, reconnaît le député LR des Côtes-d’Armor, Corentin Le Fur. Il a hérité d’une situation catastrophique. » Pour en sortir, la droite veut lui indiquer le bon chemin à suivre. Du moins le sien. « Nous sommes là pour l’aider à boucler un budget de droite avec le moins d’augmentations d’impôts », avance Jean-Didier Berger, élu des Hauts-de-Seine.
Dans un premier temps, la « famille » de Michel Barnier s’était résignée à accepter une augmentation des prélèvements sur les grandes entreprises et les plus riches. « Mais de façon exceptionnelle et temporaire », rappelle Véronique Louwagie, députée de l’Orne et vice-présidente de la commission des finances. Sauf que le compte n’y est plus vraiment si on reprend les estimations du Haut Conseil des finances publiques, qui évalue l’effort budgétaire à 70 % de hausses d’impôts contre seulement 30 % de baisses de dépenses.
Préserver les « classes moyennes qui bossent »
A défaut de dénoncer « un budget socialiste » comme son ancien président, Eric Ciotti, Les Républicains cherchent à rééquilibrer la balance (« il faut aller beaucoup plus loin sur les baisses de dépenses », enjoint Véronique Louwagie), mais aussi à préserver les « classes moyennes qui bossent », chères à Laurent Wauquiez. Comme sur la question sensible du prix de l’électricité. Le gouvernement table dans son projet sur 3 milliards d’euros de recettes supplémentaires avec la fin du taux réduit de TVA sur les abonnements au gaz et à l’électricité (à 20 % au lieu de 5 %). Une mesure présentée comme presque indolore, puisque la facture des ménages doit baisser de 9 % grâce à la chute du prix de l’énergie sur les marchés, mais à laquelle s’opposent les élus LR. « Quand on connaît la volatilité des cours de l’électricité, ce n’est pas entendable », explique Corentin Le Fur. Signataire de l’amendement de suppression, Véronique Louwagie y voit « une mesure en faveur du pouvoir d’achat des Français ».
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