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Lors de son arrivée à Matignon ou lors de son discours de politique générale, le premier ministre, Michel Barnier, a mis au même niveau la dette financière et la dette écologique. Jeudi 10 octobre, le projet de loi de finances de son gouvernement a révélé une autre stratégie : l’urgence est de combler les déficits quitte à rogner sur des pans cruciaux de la politique environnementale. « Il y a des crédits importants en baisse, ce qui risque d’enrayer des transitions en cours, et d’autres stables. Mais, au final, ce budget ne cadre pas avec l’idée d’une planification où les investissements doivent monter en puissance », estime Damien Demailly, directeur adjoint de l’Institut de l’économie pour le climat.

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Si Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, peut se targuer d’une augmentation des crédits de la « mission écologie, développement et mobilités durables » – 19,5 milliards d’euros contre 16,8 milliards d’euros pour 2024 –, cette hausse est avant tout mécanique. « C’est un montant en trompe-l’œil car le service public de l’énergie oblige l’Etat à soutenir les énergies renouvelables quand les prix de l’électricité baissent, ce qui est le cas en ce moment, décrypte Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce, un réseau de collectivités engagées dans la transition écologique. Ce budget est assez loin de la promesse de ne pas sacrifier la transition sur l’autel de l’austérité financière. »

Pour le reste, beaucoup de dispositifs fondamentaux voient, en effet, leur enveloppe diminuer, parfois drastiquement. Ainsi MaPrimeRénov’ perd un milliard d’euros de crédits (une enveloppe de 2,3 milliards d’euros), l’électrification des véhicules 500 millions d’euros et le fonds vert, destiné à aider les collectivités locales à financer leurs projets vertueux, 400 millions d’euros (une enveloppe d’un milliard d’euros).

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Ces deux derniers avaient déjà subi de premières coupes en février 2024. Au même moment, de nombreux opérateurs de l’Etat s’inquiètent. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie devrait perdre 30 à 35 % de ses crédits, ce qui va rendre difficile la concrétisation de nouveaux projets liés au fonds chaleur. « La situation financière du pays impose de réduire la voilure de certains dispositifs. Comme d’autres, nous devons faire un effort aujourd’hui pour nous redonner des marges de manœuvre plus tard », plaide-t-on du côté du ministère de la transition écologique.

Un coup d’arrêt à la planification écologique promise

A contrario, dans le but de colmater le déficit, le gouvernement renforce certaines mesures positives d’un point de vue climatique. Ainsi, le durcissement du malus automobile rapportera 300 millions d’euros « dès 2026 », précise le projet de loi de finances. Bercy s’engage également à aller chercher 1,5 milliard d’euros en augmentant la taxe de solidarité sur les billets d’avion et en ponctionnant les énergies fossiles. L’augmentation de la TVA à 20 % sur les chaudières à gaz devrait rapporter 200 millions d’euros.

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