« Notre famille politique est à même aujourd’hui de porter notre projet pour la présidentielle », s’est félicité, dimanche 18 mai, sur TF1, Bruno Retailleau, fraîchement élu à la tête du parti Les Républicains (LR) face à Laurent Wauquiez. Le ministre de l’intérieur a obtenu 74,3 % des suffrages des adhérents de LR, contre 25,7 % à son rival, président du groupe à l’Assemblée nationale. La participation a atteint plus de 80 %.
Appelant les électeurs qui ont tourné le dos aux Républicains ces dernières années à revenir au parti, Bruno Retailleau a confirmé qu’il resterait à Beauvau, la question de la participation de son parti au gouvernement ayant été « tranchée » à ses yeux par le large soutien des adhérents à sa candidature.
Au siège des Républicains, où il a été accueilli par ses partisans au cri de « On a gagné ! » ou encore « Bruno président », il a adressé un message à son adversaire Laurent Wauquiez, dont il a déclaré « qu’il s’est beaucoup donné dans cette campagne ». « Il pourra donner (…) encore beaucoup à notre mouvement. Je le souhaite sincèrement parce que je veux rassembler largement toute notre famille politique », a-t-il assuré, entouré par les ténors du parti qui l’ont soutenu, parmi eux le président du Sénat, Gérard Larcher, l’ex-premier ministre Michel Barnier ou encore l’eurodéputé François-Xavier Bellamy.
Présente parmi les militants, la présidente des Jeunes Républicains, Manon Deliot, a salué un « très beau score ». « C’est le synonyme d’une parole franche, d’une parole nette, et puis d’un homme d’Etat, qu’on attendait depuis très longtemps chez les Républicains », a-t-elle déclaré.
« Dilués dans le macronisme »
Depuis son fief du Puy-en-Velay, Laurent Wauquiez a reconnu sa défaite et appelé à éviter « le poison de la division [qui] a tant de fois affaibli la droite ». Il a toutefois campé sur ses positions de la campagne, assurant que la droite ne pourra mener son « projet de rupture (…) si nous sommes dilués dans le macronisme ».
De son côté, le premier ministre, François Bayrou, a salué cette « magnifique victoire », qui conforte la participation des LR à son gouvernement. « Les Français engagés souhaitent, je le crois, que nous fassions cause commune pour sortir, autant que possible, notre pays des difficultés qu’il traverse », a-t-il réagi sur X. Gabriel Attal, chef des députés et secrétaire général de Renaissance, a également adressé ses « félicitations » au vainqueur.
A gauche, Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, qui a débattu avec Laurent Wauquiez il y a une semaine, a plutôt salué la défaite de Laurent Wauquiez : « Wauquiez battu. Et de un ! Je propose un débat à Bruno Retailleau pour finir le travail. » Même tonalité chez Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, qui estime que « la seule réussite de Bruno Retailleau au ministère de l’intérieur [est d’avoir] fait disparaître le Wauquisme ».
A l’extrême droite, Eric Ciotti, président et chef des députés de l’Union des droites pour la République, dernier président élu de LR avant sa scission, « adresse [ses] félicitations républicaines à Bruno Retailleau », ajoutant : « J’espère qu’il me suivra aussi dans l’union des droites, seule voie pour relever la France et qu’il ne restera pas prisonnier du macronisme finissant qui a ruiné le pays. »
« Sarkozy bis »
Au Rassemblement national, Laurent Jacobelli, député et porte-parole du parti, critique également la participation du vainqueur au gouvernement Bayrou : « Retailleau nous fait croire qu’il peut régler les problèmes d’immigration en travaillant avec les macronistes et les socialistes et en refusant de travailler avec les patriotes. C’est un Sarkozy bis, il parle comme nous mais n’agit pas. »
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Cette élection a été marquée jusqu’au bout par l’incertitude provoquée par la multiplication du nombre d’adhérents au cours de la campagne, passant de 43 859 à 121 617 en deux mois, sans qu’il soit possible de déterminer de façon certaine à qui profiteraient ces recrutements.
Ce succès sans contestation de Bruno Retailleau lui permettra de se renforcer comme candidat de la droite à la prochaine présidentielle, face à la candidature déjà bien installée d’Edouard Philippe qui prétend lui aussi rassembler la droite.
Pendant la campagne, M. Retailleau s’est déclaré favorable à ce que les adhérents de LR désignent leur candidat. Une idée que ne partagent pas certains soutiens du ministre, qui n’ont pas attendu les résultats pour mettre la pression, à l’image du président centriste de Normandie, Hervé Morin, porte-parole du mouvement Nouvelle Energie, présidé par David Lisnard.