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L’ambiguïté aura tôt été levée. Mercredi 2 octobre, au lendemain de la déclaration de politique générale du premier ministre, Michel Barnier, qui a dit son souhait d’éviter les « controverses inutiles » sur l’immigration, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a continué de multiplier les interviews dans la presse – pas moins de sept depuis qu’il a pris ses fonctions, le 21 septembre – pour marteler les mesures qu’il entend prendre afin de « juguler les entrées ». Dans un entretien mis en ligne par Le Figaro Magazine, il s’en est notamment – et pour la première fois en tant que ministre – pris aux associations qui œuvrent dans les centres de rétention administrative (CRA), ces établissements où sont placés plusieurs dizaines de milliers d’étrangers sans titre de séjour chaque année, en vue de leur éloignement contraint.

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La gestion de ces lieux a resurgi dans le débat public avec l’affaire Philippine : le principal suspect du meurtre de cette étudiante, dont le corps a été retrouvé le 21 septembre enterré dans le bois de Boulogne, est un Marocain libéré d’un CRA, à défaut d’une délivrance par le Maroc du laissez-passer consulaire nécessaire à son expulsion. « Je voudrais que l’Etat soit plus exigeant vis-à-vis des associations qui interviennent en CRA, a déclaré M. Retailleau. De même, je considère que le conseil juridique et social aux personnes retenues dans les CRA relève de l’Office français de l’immigration et de l’intégration [OFII], et non des associations, qui sont juge et partie. »

Aujourd’hui, l’OFII est principalement présent dans les CRA pour proposer une aide au départ volontaire (sans grand succès puisque, en 2022, 79 personnes ont bénéficié de cette aide dans les CRA, selon la Cour des comptes). Les associations interviennent, elles, dans le cadre d’un marché public que se partagent cinq structures (Cimade, France terre d’asile, Forum réfugiés, Groupe SOS Solidarités, Solidarité Mayotte). Le ministère de l’intérieur vient justement de renouveler, le 27 septembre, son offre, pour une valeur estimée à 26 millions d’euros sur quatre ans.

« Rôle de vigie »

La loi dispose, en effet, que « l’étranger maintenu en rétention bénéficie d’actions d’accueil, d’information et de soutien, pour permettre l’exercice effectif de ses droits et préparer son départ ». En ciblant les associations, M. Retailleau sous-entend qu’elles ont une responsabilité dans la remise en liberté des personnes retenues, en les aidant à former des recours contre les obligations de quitter le territoire français qui les visent.

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