Dans un courrier adressé aux militants, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé, mercredi 12 février, sa candidature à la présidence du parti Les Républicains (LR). « Aujourd’hui, je veux faire pour mon parti ce que je fais à la tête de mon ministère : parler vrai et agir vite », a déclaré le ministre, dans son message envoyé lundi.
« Alors qu’elle était donnée pour morte, la droite retrouve aujourd’hui des couleurs et de la vigueur, poursuit M. Retailleau. Aujourd’hui, alors que le pays se trouve dans une situation grave, la droite est de nouveau écoutée. Et c’est pourquoi demain, elle peut gagner. » Mais, d’abord, « nous devons (…) donner une incarnation à notre mouvement », affirme-t-il, promettant de ne pas être « ce qu[’il n’est] pas » et de ne pas « défendr[e] ce qu[’il] ne pense pas ».
Bruno Retailleau, dont la cote est montée dans les sondages depuis son arrivée à Beauvau en septembre au sein du gouvernement de l’ex-premier ministre Michel Barnier, a envoyé son message avant une réunion cruciale, lundi, du bureau politique de LR, qui doit fixer la date du congrès pour désigner son président, poste auquel pourrait aussi se présenter Laurent Wauquiez.
« Je ne veux pas de nouvelles déchirures »
Le patron des députés de droite avait mis en garde il y a une semaine au cours d’un dîner en tête à tête avec le ministre de l’intérieur sur une potentielle « guerre des chefs dévastatrice » s’il présentait sa candidature à la présidence du parti, poste qui pourrait lui servir de tremplin pour candidater à la présidentielle. Lors de cet entretien, Laurent Wauquiez, qui vise aussi la tête du parti pour se mettre sur les rails pour 2027, a demandé au ministre le respect d’un « accord » passé entre eux : « A toi d’incarner la droite au gouvernement, à moi de reconstruire notre famille politique. »
Dans son courrier, M. Retailleau a tenté de rassurer : « Je ne veux pas de nouvelles déchirures et de nouvelles blessures dans notre parti », a-t-il écrit, assurant qu’il ne se prêterait « pas au jeu des petites phrases » et qu’il n’en prononcerait « aucune contre [ses] concurrents ». Mais pour l’entourage de M. Wauquiez, Bruno Retailleau a bien pris la « lourde responsabilité d’ouvrir une guerre des chefs » à droite. « Il serait préférable qu’il puisse se consacrer pleinement à son action à Beauvau, car la France en a bien besoin, et laisser Laurent Wauquiez mener à bien la mission de reconstruction du parti qui lui a été confiée », a ajouté la source.
Le ministre de l’intérieur, qui avait déjà brigué la tête du parti il y a un peu plus de deux ans, s’était alors incliné au second tour face à Eric Ciotti, qui a quitté ses fonctions après avoir fait alliance en juin avec le Rassemblement national (RN) aux élections législatives, laissant le poste vacant depuis bientôt neuf mois. Dans son courrier aux militants, où il salue les récentes victoires de la droite à la mairie de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) et lors d’une législative partielle à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), M. Retailleau a appelé à « agir vite », estimant qu’« une nouvelle dissolution [était] possible et qu’il [leur fallait] rapidement [se] mettre en ordre de bataille ».