L’influence des blaireaux sur les destinées humaines est souvent sous-estimée. Bruno Boulestin n’en disconviendra pas. Si ces mustélidés n’avaient pas élu domicile sur le flanc d’une colline, attirant l’attention de lycéens, de spéléologues, puis d’archéologues, la grotte des Perrats, sur la commune d’Agris (Charente), n’aurait pas été découverte, au printemps 1981. Les fouilles, où il a rencontré sa femme, n’auraient pas eu lieu. Et de précieux ossements seraient restés sous terre, hypothéquant l’émergence sur la scène scientifique d’un des plus brillants représentants de l’anthropologie française.
Les archéologues ont déserté la grotte des Perrats depuis des années, mais, en ce jour de février où Bruno Boulestin nous y conduit, la présence des blaireaux est trahie par des paquets d’herbe sèche et une vague odeur fauve qui perce dans l’atmosphère humide, sous le plafond de stalactites où sommeillent de rares pipistrelles. Responsable des fouilles à partir de 2002, le chercheur charentais retrace par cœur toutes les étapes de l’occupation humaine de la cavité, sur neuf mille ans.
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