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Il y a le chanteur qui promène son public depuis cinq décennies, de rocks enfiévrés en ballades à l’harmonica, « dans les rues d’un rêve américain qui s’enfuit ». Et le président qui, de décrets en diatribes, fait miroiter à ses électeurs de « rendre à l’Amérique sa grandeur ». Entre Bruce Springsteen et Donald Trump, respectivement 75 et 78 ans, ce sont deux visions d’un même pays profond qui s’affrontent. Violemment.

A l’occasion d’une tournée européenne, qui le conduit du 24 au 31 mai en France, l’auteur de Born in the USA s’en est pris à l’hôte de la Maison Blanche, accusé d’être, comme il l’a dit samedi 24 mai à Lille, « corrompu et incompétent ». En réponse, l’offensé de Mar-a-Lago l’a traité de « connard » et de « pruneau desséché ». Si le chanteur issu d’un milieu populaire du New Jersey agace particulièrement l’actuel président et « fils de » New-Yorkais, c’est sans doute parce que le premier raconte des peines et une nostalgie sur lesquelles le second surfe sans désemparer : celle des petites villes vivant à l’ombre des usines en déclin.

En explorant la documentation du Monde comme on remonte une rivière, ce rôle de chantre désabusé de l’Amérique apparaît dès le premier article, paru le 22 novembre 1975, à l’occasion de la sortie de son troisième album, Born to Run (« né pour courir »), qui l’a fait mondialement connaître. Claude Fléouter est emballé par le personnage – « Bruce Springsteen se donne l’air de surgir de la 42e Rue » – et plus encore par sa musique : « Il y a là, jeté, gueulé, hurlé avec fureur et sensualité, un énorme élan poétique, des passions et des fantasmes, le climat de la rue à New York. »

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