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Histoires Web mardi, janvier 7
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Le talent d’un écrivain consiste aussi à savoir renoncer. En 2018, le romancier irlandais Paul Lynch travaillait depuis six mois sur son cinquième livre lorsqu’il décida de ­jeter l’éponge. L’histoire qu’il racontait, jugeait-il, ne fonctionnait pas. Il ferma son document un vendredi, en ouvrit un autre le lundi sans savoir où ce dernier le mènerait. Et les premières phrases du Chant du prophète jaillirent. Le roman qui allait lui valoir, en 2023, le Booker Prize, était en route. « Beaucoup de choses avaient occupé mon esprit les mois précédents, confie aujourd’hui Paul Lynch au “Monde des livres”. L’élection de Trump, le Brexit, un afflux massif de réfugiés syriens en Europe avaient changé la politique, avec une inflexion à droite. J’avais l’impression qu’un changement fondamental s’était produit. Apparaissait dans la sphère politique une tolérance pour des opinions qui n’étaient pas acceptées ­jusque-là. »

Si Le Chant du prophète relate l’avènement d’une dictature dans l’Irlande contemporaine et ses répercussions sur une famille de la classe moyenne, Lynch se refuse à y voir un roman dystopique, tant sont actuels les faits qu’il dépeint. Dix ans après son premier livre, Un ciel rouge le matin (2014, éd. Albin Michel, comme tous ses livres), on y retrouve ses thèmes favoris. Thèmes qui, de Grace (2019) à Au-delà de la mer (2021), en passant par La Neige noire (2015), expriment le désarroi humain face à un monde, intime ou global, qui se fracture.

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