La police fédérale brésilienne a déclaré, mercredi 20 août, avoir retrouvé des messages sur le téléphone de l’ex-président Jair Bolsonaro prouvant qu’il avait voulu fuir en Argentine et y demander l’asile politique.
Poursuivi pour tentative présumée de coup d’Etat à l’issue de l’élection présidentielle de 2022 remportée par son rival Lula, l’ancien dirigeant d’extrême droite (2019-2022) attend actuellement une décision de la Cour suprême du Brésil qui commencera à débattre le 2 septembre du jugement. Il a été placé en résidence surveillée début août pour avoir enfreint les mesures lui interdisant de s’exprimer sur les réseaux sociaux. S’il est condamné, il risque jusqu’à quarante ans de prison. L’ancien président se déclare innocent et se dit « persécuté ».
Selon la police, Jair Bolsonaro a rédigé une demande d’asile politique auprès du gouvernement du président argentin, Javier Milei, datée du 10 février 2024, quelques jours seulement après le lancement de l’enquête le visant. Dans cette lettre de 33 pages, il affirme être persécuté politiquement au Brésil, et craindre pour sa vie. MM. Bolsonaro et Milei sont de fervents partisans du président américain, Donald Trump.
Le passeport de l’ancien président brésilien a été saisi par la Cour suprême du Brésil le 8 février 2024. Il a tenté à plusieurs reprises de le récupérer, notamment avant l’investiture de Donald Trump, en janvier 2025. Ses demandes ont été rejetées en raison d’un risque de fuite.
Jusqu’à douze ans de prison
Par ailleurs, la police a demandé, mercredi, que Jair Bolsonaro soit poursuivi ainsi que l’un de ses fils, Eduardo Bolsonaro, pour avoir tenté d’entraver les poursuites pour coup d’Etat.
La police estime, dans son rapport, que le père et son fils, qui réside aux Etats-Unis, ont agi « dans le but d’interférer dans le déroulement de l’action pénale », et recommande de les inculper pour « coercition dans le cadre du processus » judiciaire et « abolition de l’Etat démocratique de droit ». Ces deux infractions sont passibles de peines cumulées pouvant atteindre jusqu’à douze ans de prison.
Il est également reproché à l’ancien président de ne pas avoir respecté des mesures de précaution de son assignation à résidence, comme éviter tout contact avec des personnes extérieures à son cercle familial.
« Chasse aux sorcières »
Installé aux Etats-Unis depuis mars, le troisième de la fratrie Bolsonaro a mis entre parenthèses son mandat de parlementaire pour plaider en faveur de son père auprès des autorités américaines, dénonçant ce qu’il décrit comme la « tyrannie » du juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, en charge du procès contre l’ancien chef d’Etat.
Eduardo Bolsonaro revendique fièrement son rôle d’instigateur de la surtaxe douanière de 50 % infligée au Brésil par l’administration Trump, convaincue que Jair Bolsonaro est victime d’une « chasse aux sorcières ».
La recommandation d’inculpation vise également le pasteur Silas Malafaia et Paulo Figueiredo, petit-fils du dernier président de la dictature militaire au Brésil, João Figueiredo (1979-1985). Tous deux sont des citoyens brésiliens proches de la famille Bolsonaro.