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La photo a été publiée dimanche 30 juin sur Instagram, dernier jour du mois des fiertés pour la communauté LGBTQ +. Brenda Biya, 27 ans, fille du président camerounais Paul Biya, y apparaît embrassant sa compagne, la mannequin brésilienne Layyons Valença. Ce n’est pas la première fois que les deux femmes affichent leur proximité sur les réseaux sociaux. Mais cette fois-ci, King Nasty, de son pseudonyme de rappeuse, qui compte plus de 300 0000 abonnés, a mis fin aux rumeurs. Sur la photo, on voit Brenda Biya et Layyons Valença enlacées dans un ascenseur : « Je suis folle de toi & je veux que tout le monde le sache », est-il écrit en légende de la publication.

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Le cliché aurait pu passer inaperçu s’il n’était pas question de la fille du chef d’un Etat où l’homosexualité est un crime. Depuis 2016, l’article 347-1 du Code pénal camerounais prévoit jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 200 000 francs CFA (305 euros) d’amende en cas de rapport sexuel entre deux personnes de même sexe.

Les condamnations ne sont pas rares, alors que « depuis les années 2000, le développement des mouvements LGBTQ + à l’international et la riposte mondiale contre le VIH ont renforcé la stigmatisation et la violence à l’égard des personnes homosexuelles au Cameroun », explique l’anthropologue Patrick Awondo, directeur du Centre de recherches sur le genre et les discriminations à l’université de Yaoundé I. Signe de la sensibilité du sujet, Brenda Biya a d’ailleurs désactivé la possibilité de commenter sa photo.

Un espoir

Ce « coming out » venu d’une enfant célèbre a été accueilli comme un espoir par les organisations de défense des droits des LGBTQ + camerounaises que les mentalités évoluent. « Je salue le courage de Brenda Biya, qui assume son droit fondamental d’aimer et d’être aimée », réagit au Monde l’avocate Alice Nkom, figure de la lutte pour les droits LGBTQ + au Cameroun. Elle a été notamment l’avocate de Shakiro, une femme transgenre qui a été agressée dans la rue à Douala puis condamnée en 2021 à cinq ans de prison au Cameroun avant d’être contrainte de s’exiler en Belgique deux ans plus tard.

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Pour Nkwain Hamlet, directeur de l’organisation de lutte pour les droits des homosexuels au Cameroun Working for our Wellbeing, il s’agit d’une occasion de replacer le sujet dans le débat public : « Avant, cela venait uniquement du milieu militant, mais maintenant que le sujet concerne la famille présidentielle, les choses pourraient changer. »

Dans un message sur X, le militant a appelé le président Paul Biya à ouvrir le débat sur la décriminalisation de l’homosexualité : « Le fait de pouvoir jouir d’une liberté sexuelle ne devrait jamais être un privilège », écrit-il, convaincu qu’un meilleur accès à l’éducation serait aussi nécessaire pour faire face à l’homophobie. « A partir du moment où l’on est protégé par sa classe sociale, on ne s’expose pas à la même répression », analyse l’anthropologue Patrick Awondo. Brenda Biya, elle, est à l’abri de la loi camerounaise : la fille du président camerounais est installée en Suisse.

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