La boxeuse taïwanaise Lin Yu-ting, championne olympique des moins de 57 kg, s’est retirée d’une compétition internationale en Grande-Bretagne dont l’organisateur a mis sa féminité en doute, a annoncé sa fédération, mercredi 27 novembre.
« C’est une femme, elle répond à tous les critères d’éligibilité et a participé avec succès à l’épreuve de boxe féminine [des Jeux olympiques de Paris], remportant une médaille d’or », réagit-elle dans un communiqué.
Lin Yu-ting, qui n’était pas remontée sur un ring depuis les Jeux, devait participer à partir de mercredi aux finales de la Coupe du monde de boxe, organisées à Sheffield par World Boxing, organisation fondée en 2023 censée rendre sa crédibilité à la boxe amateur mondiale, après la rupture entre la Fédération internationale (IBA) et le Comité international olympique (CIO).
« La politique d’éligibilité actuelle de World Boxing n’empêche pas Lin Yu-ting de participer à la Coupe du monde de boxe », a répondu dans l’après-midi un porte-parole de l’instance. « Les décisions de sélection sont prises par les fédérations nationales et la boxeuse n’a pas été inscrite à cet événement », a-t-elle ajouté.
« Les boxeurs passent avant tout »
La Fédération taïwanaise accuse, quant à elle, World Boxing d’être responsable du forfait de sa boxeuse. « Malheureusement, étant donné que World Boxing vient d’être créé (…), elle ne dispose pas des politiques réglementaires claires du CIO qui garantissent la protection des droits des sportifs », poursuit-elle dans son communiqué, en ajoutant que Lin Yu-ting avait proposé de subir un « examen médical complet sur place », mais que World Boxing n’a pas accepté sa proposition. Pour éviter qu’elle ne subisse d’autres « préjudices », son entraîneur et les responsables sportifs taïwanais ont « décidé de se retirer de cet événement de manière proactive ».
Dans sa réponse, World Boxing assure que « les boxeurs passent avant tout et [que] la sécurité des athlètes est absolument primordiale. (…) Nous reconnaissons depuis un certain temps que la clarification du genre est une question extrêmement complexe qui soulève d’importantes questions de bien-être et notre comité médical dispose d’un groupe de travail spécifique qui s’engage à examiner tous les aspects de ce domaine afin que nous puissions renforcer notre politique ».
Lin Yu-ting, tout comme la boxeuse algérienne Imane Khelif, également sacrée championne olympique à Paris, avait été la cible d’une campagne de haine sur fond de différend entre le CIO, qui les avait autorisées à concourir, et la Fédération internationale de boxe.
La polémique remonte à la décision de l’IBA d’exclure Lin Yu-ting et Imane Khelif des Championnats du monde à New Delhi, en mars 2023, au motif qu’elles avaient échoué à un test destiné à établir leur genre. L’IBA, instance qui n’est plus reconnue par le monde olympique, a toujours refusé de préciser la nature de ce test.