Dans le dernier carré de cette édition 2025 de la Ligue Europa, il y a des têtes connues. Manchester United, ancienne gloire du football anglais et continental, vainqueur en 2017 et détenteur de trois Ligues des champions. Tottenham, qui a déjà soulevé, lui aussi, la petite Coupe d’Europe (1972, 1984). L’Athletic Bilbao, finaliste malheureux à deux reprises, en 1977 et en 2012. Et puis il y a… Bodo Glimt.
Actuellement deuxième au classement de l’Eliteserien, la première division norvégienne, l’équipe se déplace sur la pelouse des Spurs, jeudi 1er mai, à 21 heures, pour disputer le premier acte de leur double affrontement, avec en ligne de mire une place en finale de la Ligue Europa, le 21 mai, à Bilbao.
Atteindre ce stade de la compétition est déjà historique pour ce club des confins du cercle polaire, établi dans une ville d’environ 50 000 habitants. Mais que l’on ne s’y trompe pas, si retrouver la « Horde jaune » – son surnom – en demi-finales d’une Coupe d’Europe est inédit, elle n’en dispute pas moins cette saison sa cinquième campagne continentale d’affilée.
Mieux, le quadruple champion national (2020, 2021, 2023, 2024), lauréat de deux Coupes de Norvège (1975, 1993), peut même se targuer d’avoir accroché à son tableau de chasse quelques-unes des plus grandes écuries étrangères. Lors de cette édition, le FC Porto, en phase de ligue (3-2), ou encore la Lazio Rome, en quarts de finale (2-0 à l’aller, 3-1 au retour, 3-2 t.a.b.), en ont fait les frais.
« Tout était tellement plus petit »
Passer d’une équipe qui enchaînait relégation (2005, 2009, 2016) et promotion (2007, 2013, 2017) dans le championnat norvégien à une formation solidement installée dans les compétitions européennes depuis 2020 a été un « véritable parcours du combattant », expliquait, en début de saison, Ulrik Saltnes. Le milieu de terrain, qui compte 389 sélections sous les couleurs de la Horde jaune, a rejoint l’effectif en 2012, quand l’Eliteserien semblait encore loin. « C’est presque difficile à imaginer. Tout était tellement plus petit. Il y avait tellement moins de monde et le niveau était complètement différent », se remémore le joueur. L’arrivée sur le banc de Kjetil Knutsen, en 2018, a fait énormément de bien au groupe, au point que Bodo Glimt est devenu un modèle en Scandinavie.
Le plus beau coup d’éclat de la formation remonte au 21 octobre 2021. Alors engagé en Ligue Europa Conférence, le club accueille l’AS Rome de José Mourinho dans le cadre de la troisième journée de la phase de groupes. Le match se déroule à l’Aspmyra Stadion, écrin de 8 200 places, souvent couvert de neige et dont le terrain est synthétique. Face à cet adversaire qui pointe alors à la 264e place du classement de l’UEFA, l’instance européenne du football, « The Special One » décide de faire tourner son effectif dans les grandes largeurs. Erreur fatale : les Giallorossi sont étrillés (6-1). Une débâcle qui illustre le fait que, chez eux, les locaux brillent. D’ailleurs, sur leurs 37 derniers matchs à domicile en Coupe d’Europe, ils en ont remporté 30.
Ange Postecoglou, l’entraîneur de Tottenham, sait qu’il faut se méfier de l’équipe composée à plus de 80 % d’éléments norvégiens. Et pour cause : en 2022, lorsqu’il était sur le banc du Celtic Glasgow, l’Australien a vu ses troupes se faire éliminer en barrages d’accession aux phases finales de la Ligue Europa Conférence par Bodo Glimt (1-3 à l’aller ; 2-0 au retour).
Mais, jeudi soir, au Tottenham Hotspur Stadium, les joueurs de Bodo Glimt auront fort à faire face aux Londoniens, car ils devront composer sans plusieurs de leurs hommes-clés, blessés ou suspendus, dont leur capitaine, Patrick Berg, le milieu Hakon Evjen ou encore l’attaquant Andreas Helmersen, qui avait inscrit le but salvateur contre la Lazio. En cause ? Une bévue administrative. Le club n’était pas pleinement au fait du règlement de l’UEFA et pensait, à tort, que tous les cartons jaunes seraient effacés après les quarts de finale.
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De quoi assombrir un peu l’ambiance dans le vestiaire. « Ils sont très inquiets pour le premier match », a fait valoir Jonas Bergh-Johnsen, journaliste sportif de la plateforme scandinave Viaplay, dans le podcast « An Echo of Glory ». « Je pense qu’ils se disaient qu’une défaite 2-0, 3-1 serait acceptable avant le retour à Bodo, mais, maintenant, ils craignent que ce soit pire. »