Portugal, 25 avril 1974 : la « révolution des œillets » met fin à cinquante ans de dictature. Partout se fondent des coopératives qui tentent de concrétiser les idéaux de justice sociale, d’égalité et d’autogestion portés par une frange du mouvement révolutionnaire. C’est dans ce climat que Manuela Serra, jeune femme exilée à Bruxelles, retourne dans son Portugal natal et rejoint une coopérative cinématographique qui produit des films pour les petit et grand écrans. Ce fut, dit-elle dans un entretien qui accompagne son film disponible en Blu-ray, « une expérience un peu en avance sur la société. Une tentative de vie communautaire, une alternative à ce que la société nous proposait – chaque petit couple dans sa maison ».
Portée par cet élan, elle prend la route et sillonne le pays. Sur les conseils d’une amie anthropologue, elle atterrit à Lanheses, un village au nord, paisible, édénique, préservé de la modernité. Lanheses et ses habitants, ce sera le sujet de son seul et unique film, Le Mouvement des choses. Jamais sorti au cinéma ni distribué commercialement, il n’a bénéficié que d’une poignée de projections confidentielles. Une longue invisibilité heureusement interrompue par Carlotta, qui l’édite dans une somptueuse restauration.
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