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Bleuenn Battistoni a sauté tous les obstacles du ballet La Fille mal gardée, de Frederick Ashton. Elle a baratté le beurre, joué les paquets cadeaux, enrubannée de rose, tenté de saouler sa mère, Simone, pour rejoindre son amoureux Colas… Bref, elle s’est amusée à sourire des difficultés techniques d’un spectacle plus complexe qu’il n’en a l’air pour faire rire le public. Et elle a décroché le gros lot. Mardi 26 mars, à l’issue de la représentation, au Palais Garnier, Bleuenn Battistoni, 25 ans, a été nommée étoile de l’Opéra national de Paris dans le rôle de Lise par Alexander Neef, directeur de la maison, sur proposition du directeur de la danse, José Martinez. Elle devient ainsi la dixième star féminine de l’institution parisienne – Myriam Ould-Braham avait également été sacrée étoile sur sa prestation dans La Fille mal gardée, en 2012.

Rien d’étonnant de la part de Bleuenn Battistoni, qui avait déjà créé la surprise, le 13 juillet 2022, lors de la soirée d’adieu d’Alice Renavand. Blessée, l’étoile avait dû être remplacée quasiment à la minute par Battistoni se substituant à elle comme dans un mirage. Un changement de personne si délicatement opéré que nombre de spectateurs n’y avaient vu que du feu : Battistoni, qui désirait depuis l’enfance danser Giselle, avait, par ailleurs, somptueusement interprété le second acte en suspension. Aux antipodes, La Fille mal gardée, qu’elle a répété au Royal Ballet de Londres et dansé aux côtés de Marcelino Sambé, interprète de la compagnie londonienne, a apporté la preuve de son potentiel technique monté sur ressorts et de son talent d’actrice comique.

Capacité d’adaptation

Née en 1999 à Lyon, elle prend ses premiers cours à l’âge de 4 ans. Elle rejoint ensuite Paris et intègre le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris en 2013, avant d’entrer, un an plus tard, à l’école de l’Opéra national de Paris, où elle peaufine ses apprentissages. Elle est engagée dans le corps de ballet en 2017, grimpe les échelons, accédant au poste de première danseuse en novembre 2022. Sa capacité d’adaptation lui permet d’endosser des styles variés, du classique sous haute tension de Rudolf Noureev (1938-1993) à l’écriture sèche et déflagrante de William Forsythe, en passant par le contemporain enraciné de Crystal Pite, Bleuenn Battistoni semble se régaler de tout.

La danseuse Bleuenn Battistoni, en 2021.

Imposer son tempérament dans le rôle de Lise n’est pas une mince affaire. Le burlesque n’est pas souvent au rendez-vous des œuvres académiques, et, lorsqu’il innerve pendant deux heures une pièce datant de 1789 et se déroulant à la campagne, dans une ferme, il faut développer une fibre à la fois quotidienne et facétieuse pour réussir à affirmer son désir pour Colas, tout en restant tendre avec son empêcheuse d’aimer en rond de mère, Simone. « J’ai apprécié de sortir de ma zone de confort pour danser Lise et proposer mon interprétation des scènes comiques, confie-t-elle. Mon partenaire Marcelino Sambé m’a apporté beaucoup d’énergie pour construire le personnage. »

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