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ARTE.TV – À LA DEMANDE – MINI-SÉRIE DOCUMENTAIRE

Le surf, sport inventé en Polynésie par des Hawaïens dans les années 1900, devenu emblématique de l’art de vivre en Californie, serait-il lui aussi touché par le racisme ? La mini-série documentaire de quatre épisodes réalisée par Cécile Delarue et Hélène Eckmann met en lumière une forme de ségrégation très ancienne et toujours présente dans ce milieu.

Lire la critique (en 2021) : « Le Surf, une vague mondiale », sur France Culture, de Hawaï à la côte basque, la quête du rouleau parfait

« L’image qu’on se fait d’un surfeur est celle d’un homme blanc, depuis très longtemps, commente Daniel Duane, écrivain et surfeur. La question est : “Est-ce que le racisme est présent dans la culture du surf ?” La réponse est oui, bien sûr que oui. » Depuis les années 1930, les surfeurs noirs font face à beaucoup de remarques et de harcèlement. Aujourd’hui encore, certains, comme Rico Blevins, adoptent des techniques, comme surfer à quatre heures du matin, pour éviter toute agression.

Jusqu’en 1965, les personnes noires étaient empêchées par les « lois Jim Crow » d’habiter au bord de la mer, ce qui les privait aussi d’apprendre à surfer ou à nager. A Santa Monica, près de Los Angeles, Inkwell Beach était une des rares plages autorisées aux « personnes colorées ». C’est là que Nick Gabaldon, le premier surfeur africain-américain élevé au rang de champion, apprit ce sport. Avant de mourir d’un accident de surf à Malibu en 1951, à 24 ans.

Plages réservées aux hommes blancs

Le documentaire évoque Miki Dora (1934-2002), blanc, beau et musclé, surfeur réputé des années 1950 et 1960 à Malibu, qui utilisait une planche ornée de la swastika, et faisait des commentaires à connotations racistes et nazies. Il était aussi très explicite lorsqu’il parlait de « localisme » (idéologie qui prétend que seuls les surfeurs locaux peuvent profiter des vagues).

Ainsi, à Rancho Palos Verdes, la Lunada Bay, plage dotée des plus belles et des plus grosses vagues de la région, fut longtemps réservée à un groupe d’hommes blancs. Les habitués, le « gang des Bay Boys », considéraient qu’ils ne pouvaient ouvrir la plage à des non « locaux », de peur que « des personnes africaines-américaines viennent, ce qui ne leur plairait pas », explique Vic Otten, avocat. Alors que l’Amérique compte près de 13,5 millions de surfeurs à elle toute seule, les choses ne connaissent des avancées que depuis quelques années, notamment depuis le mouvement « Black Lives Matter », auquel le titre du documentaire fait écho.

Lire la présentation de la série (en 2023) : Surf, la nouvelle vague africaine

Justin « Brick » Howze, surfeur militant, s’est déjà fait appeler par le N-word (« le mot en N ») plus de quarante fois par la même personne. Il a alors organisé un peace paddle (« pagaie de la paix »), une réunion de surfeurs se retrouvant dans l’eau pour protester. La première compétition réservée aux surfeurs noirs a aussi été organisée le 16 septembre 2023. « C’est la renaissance du surf noir, on peut maintenant passer du temps dans l’eau sans que nos congénères aient peur », veut croire Farmatia, jeune surfeuse de Californie, le sourire aux lèvres et des espoirs plein la tête.

Black Surfers Matter, mini-série documentaire réalisée par Cécile Delarue et Hélène Eckmann (Fr., 2023, 4 × 15 min). Disponible à la demande sur Arte.tv jusqu’au 28 avril 2027.

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