L’Armée de l’Arakan (AA) est passée à l’offensive en dehors de son territoire : ce puissant groupe armé ethnique qui revendique l’autonomie pour l’Etat Rakhine, situé dans l’ouest de la Birmanie le long du golfe du Bengale, a en effet capturé, fin janvier, des positions défensives de l’armée birmane à l’extérieur de son périmètre originel : les combattants se sont infiltrés dans la province de Magwe, autour du canton de Ngape, faisant 60 morts parmi les soldats de la Tatmadaw – les forces armées birmanes –, selon les médias en exil.
C’est un revers de plus pour les forces armées birmanes, quatre ans après le coup d’Etat du général Min Aung Hlaing contre le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, et qui pourrait en annoncer de plus décisifs encore.
En janvier, après la prise de Gwa, la ville la plus au sud de l’Etat Rakhine, à 180 kilomètres de Rangoun, la guérilla arakanaise, qu’on estime forte d’au moins 30 000 combattants, pénétrait déjà dans la région du delta de l’Irrawaddy, jusqu’à une cinquantaine de kilomètres de Ngwe Saung, l’une des plages prisées des Rangounais. « Les Arakanais ont intérêt à sortir de leurs frontières pour se constituer une zone tampon, aller vers les sources de nourriture et s’attaquer aux usines d’armement », analyse un expert occidental des questions de sécurité à Rangoun. La région de l’Irrawaddy est le grenier à riz de Birmanie. Or, l’Etat Rakhine, peuplé de 3,1 millions d’habitants, subit des pénuries alimentaires.
Il vous reste 77.74% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.