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Histoires Web mardi, décembre 24
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Dès l’entrée, le visiteur est accueilli par la stridulation de dizaines de grillons, installés sur des boîtes à œufs dans des vivariums. Puis, l’œil est attiré par la végétation, toutes sortes d’aromates débordant de plans de travail en bois. L’appartement, baigné de lumière et enveloppé de tons sable, avec la toile de coton tirée sur les murs et le jonc de mer au sol, dégage une sensation de sérénité. On pourrait presque oublier qu’il se situe au cœur de Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine. C’est dans cette banlieue parisienne ultra-urbanisée que Corentin de Chatelperron, 41 ans, et Caroline Pultz, 31 ans, ont élu domicile pour développer un « appartement du futur », qui assure une vie en quasi-autonomie avec des technologies 100 % low-tech, c’est-à-dire « utiles, accessibles et durables ».

Un changement de décor radical pour le couple, après quatre mois passés seuls dans le désert du Mexique en 2023. Nomade dans l’âme, l’ingénieur Corentin de Chatelperron, cofondateur de l’association Low-tech Lab, avait également vécu en autonomie dans un voilier en toile de jute dans le golfe du Bengale et sur un radeau flottant sur une baie en Thaïlande. « Mais aujourd’hui, plus d’un humain sur deux vit en ville, et les citadins représenteront 70 % de la population mondiale en 2050 », explique Caroline Pultz, designeuse. Depuis juillet et jusqu’à fin novembre, ces aventuriers de l’écologie se sont donné pour mission d’imaginer à quoi pourrait ressembler une vie urbaine durable en 2040.

« On veut créer un nouvel imaginaire désirable, qui ne soit pas un futur high-tech autour du métavers, ni un retour en arrière décroissant. On propose un autre chemin afin de mieux vivre, de manière saine et dans les limites planétaires », décrit Corentin de Chatelperron, dont l’expérience « Biosphère urbaine » est financée par la mairie de Boulogne-Billancourt, le Centre national d’études spatiales (CNES) et Arte. Dans leur studio de 26 m2, installé dans une ancienne crèche et prêté par la commune, le couple expérimente une vingtaine d’inventions low-tech, des adaptations de technologies découvertes lors du tour du monde de Corentin de Chatelperron de 2016 à 2022.

Eau en circuit fermé

Les toilettes ne sont pas sèches mais « vivantes », c’est-à-dire que les déjections sont décomposées en compost par des larves de mouches soldats noires. Dans la douche, un brumisateur a remplacé le pommeau. Il asperge également des pleurotes, qui fournissent un kilo de champignon par semaine. La même eau, une fois filtrée, alimente ensuite en circuit fermé les dizaines de plantes de la pièce principale, cultivées en bioponie (hors sol). Ces pousses, ainsi que les champignons et les grillons – une entorse à leur régime végétarien, pour éviter des carences en vitamine B12 –, composent une partie seulement des menus du couple. Car le duo, qui ne cherche pas l’autarcie, récupère aussi des fruits et légumes en échange d’une demi-journée de travail à la ferme. Et se fournit en épicerie bio, avec des aliments locaux.

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