Vendredi 20 décembre, dans le cadre du centième anniversaire de la naissance de l’acteur Marlon Brando, le Film Forum de New York a projeté Le Dernier Tango à Paris (1972). Sur son site Internet, bien en évidence, la salle de cinéma avertit le public que le film contenait une scène « sexuellement humiliante » pour l’actrice Maria Schneider, sans qu’elle en fût prévenue. Et le site d’encourager les spectateurs à s’informer sur ce qui s’est passé.
Le même film, dans le même contexte, devait être projeté à La Cinémathèque française, à Paris, le 15 décembre. Mais, ici, la page Internet du site consacré au film évoque un « objet de scandale ». Il faut chercher un peu pour apprendre, niché dans un texte, qu’il y eut, lors du tournage, une « scène de viol » dont l’actrice « ne s’est jamais remise ». Indignées par cet effacement du contexte, des associations ont exigé un débat autour de la projection. Finalement, le film fut annulé par l’institution en raison de « risques sécuritaires ».
Qu’on en soit arrivé là marque une défaite de l’art. Bien sûr qu’il faut montrer ce grand film. Mais faut-il être aveugle pour ne pas voir qu’aujourd’hui il s’agit aussi d’un film « abîmé », pour reprendre une formule en vogue, autrement dit qui pose problème, et qu’il faut se demander comment l’encadrer.
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