La cour administrative d’appel de Bordeaux a ordonné, jeudi 6 février, à la ville de Biarritz de débaptiser le quartier « La Négresse » – « un sobriquet raciste et sexiste » selon l’association Mémoires et partages qui l’avait saisie.
« La cour juge que, quelles que soient l’origine supposée de cette appellation et sa dimension historique revendiquée par la commune de Biarritz, le terme “La Négresse” évoque aujourd’hui, de façon dévalorisante, l’origine raciale d’une femme dont l’identité n’a d’ailleurs pas été formellement identifiée », peut-on lire dans un communiqué.
Elle pointe un mot « de nature à porter atteinte à la dignité de la personne humaine » qui peut être perçu par la population, « qu’elle soit résidente ou de passage, comme comportant un caractère offensant à l’égard des personnes d’origine africaine ». A l’audience, le 16 janvier la rapporteuse publique, dont l’avis est généralement suivi, avait estimé que « l’évolution sémantique » du mot lui confère aujourd’hui une « connotation insultante » pouvant « porter atteinte à la dignité humaine ».
Une « connotation insultante »
L’association bordelaise Mémoires et partages, qui promeut le travail de mémoire sur la colonisation et l’esclavage, avait demandé à la maire de Biarritz, Maider Arosteguy (Les Républicains), d’abroger deux délibérations de 1861 et 1986 ayant baptisé du nom « La Négresse » un quartier et une rue de la ville.
L’élue ayant refusé, l’association avait saisi le tribunal administratif de Pau qui avait également rejeté son recours par un jugement du 21 décembre 2023. Elle avait ensuite fait appel de cette décision. « En conséquence, la cour annule la décision attaquée et enjoint à la maire de la commune de Biarritz de saisir, dans un délai de trois mois, le conseil municipal, seul compétent pour décider de modifier le nom d’un lieu-dit situé sur le territoire de la commune, pour qu’il procède à l’abrogation des délibérations » en question, précise l’instance judiciaire.