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Les diamants sont-ils désormais moins intéressants que le cuivre ? Voilà l’étrange question que pose la bataille à presque 40 milliards d’euros à laquelle se livrent deux énormes conglomérats du secteur minier : l’australien BHP et le britannique Anglo American.

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Le 16 avril, BHP, vaste conglomérat du secteur minier, a lancé l’offensive en faisant une offre « non sollicitée » sur Anglo American, pour la coquette somme de 31 milliards de livres sterling, revue à la hausse le 13 mai à 34 milliards de livres (39,5 milliards d’euros). Après une décennie relativement calme, c’est le retour des grandes manœuvres dans les matières premières. Pour BHP, la cible est alléchante pour deux raisons. La première est financière : Anglo American, qui a accumulé les difficultés ces dernières années, vaut trois fois moins en Bourse que son rival. La seconde, stratégique, est la pépite que contient Anglo American : trois énormes mines de cuivre au Pérou et au Chili, qui représentent pas loin de 4 % de la production mondiale.

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Le cuivre, ce métal qui n’a rien de révolutionnaire – ses premières utilisations par l’être humain remontent au moins à dix mille ans – est devenu essentiel avec la transition climatique. Il est nécessaire pour l’électrification de nombreux secteurs économiques, utilisé dans les câbles et connecteurs, les véhicules électriques et l’électronique. « Une Tesla contient 80 kilos de cuivre, quatre fois plus qu’une voiture conventionnelle », rappelle Michael Tamvakis, spécialiste des matières premières à la Bayes Business School.

Un grand plan de restructuration

Un récent rapport des Nations unies prévoit que la demande mondiale de cuivre va augmenter de 60 % d’ici à 2040. Son prix, actuellement autour de 10 000 dollars la tonne, pourrait atteindre 15 000 dollars d’ici 2025, selon les analystes de Goldman Sachs.

Or, il est beaucoup plus difficile, coûteux et long d’ouvrir de nouvelles mines que d’acheter celles de ses rivaux. « Ouvrir une nouvelle mine prend au moins cinq à huit ans, estime M. Tamvakis. Et il n’est pas nécessairement dans l’intérêt des entreprises minières d’augmenter la production mondiale [parce que cela risquerait de faire baisser les prix]. » Pour BHP, la tentation de faire main basse sur son rival est donc grande.

Le conseil d’administration d’Anglo American, une entreprise originellement issue d’Afrique du Sud, a rejeté – désormais à deux reprises – cette offre, faite entièrement en actions, parce qu’elle serait « significativement sous-évaluée ». Mais il est sous une énorme pression de ses actionnaires, qui commencent à trouver l’approche intéressante. Pour contre-attaquer, il a présenté, mardi 14 mai, un grand plan de restructuration et d’économies. Il propose notamment de vendre ses mines de platine (Anglo American Platinum) en Afrique du Sud, son activité de production de coke de charbon, envisage une « option » pour vendre ses mines de nickel, et il veut également vendre De Beers, légendaire firme diamantaire qu’il a achetée il y a plus d’une décennie.

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